Young Yoo immigre de Corée du Sud aux USA avec son mari Pak et sa fille Mary. Après quelques années précaires, Pak finit par ouvrir un centre de soin alternatif. Les patients s’installent pour une heure dans un caisson étanche pour respirer de l’oxygène pur. C’est ce qu’on appelle l’oxygénation hyperbare. Malgré toute l’attention qu’il porte à la séance, un jour de grande tension sur les lieux de son travail, le feu se répand à l’intérieur du caisson. Deux patients décèdent, Henry Ward un enfant autiste et une adulte. Deux autres patients sont blessés à l’intérieur. Pak et Mary également, suite à l’explosion de la grange, lieu du soin.
Un an plus tard, Elisabeth Ward, la mère du petit Henry est accusée d’avoir déclenché l’incendie. À partir de là, une bonne partie du roman tente de clarifier l’attitude de chacun des témoins qui, bien souvent, s’avère ambiguë voire mensongère. Tout au long du procès la mère se tait…
L’avocate de l’accusée ne cesse de traquer la moindre incohérence des témoins. Elle s’en prend surtout à la police, qui selon elle, a bâclé l’enquête. On assiste alors à une joute sans merci entre l’accusation et la défense. Belle démonstration du fonctionnement du système judiciaire américain ! Plus fondé sur des spéculations que sur des preuves.
Mais plus encore, le lecteur se passionnera pour les fines analyses de l’âme humaine que l’autrice imbrique avec une grande dextérité. C’est par des introspections de plus en plus poussées que chacun des principaux protagonistes révèle ses comportements et ses errements. En effet, si Young est le personnage principal de ce roman noir à tiroirs, c’est qu’elle fait de cette affaire un cas de conscience.
C’est le premier roman d’Angie Kim. Elle est née à Séoul en 1969 et est partie vivre aux États-Unis à l’adolescence. Elle a fait des études de droit et est avocate. Ses connaissances du milieu judiciaire associées à un style fluide et direct rendent sa narration pertinente et captivante.
Encore une belle lecture enrichissante pour cet été !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
La grange, d’Angie Kim, roman traduit de l’anglais (États-Unis), 464 p., 22€, éd. Belfond Noir. En librairie depuis le 3 juin.