La cité des murs incertains de Haruki Murakami paraît chez Actes Sud.

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Deux jeunes adolescents s’aiment. On sait peu de choses sur eux et pour Haruki Murakami, dans ce dernier roman, La cité des murs incertains, cela n’a pas d’importance. Seul compte leur plaisir à se retrouver pour de longues discussions. C’est au cours de l’une d’elle que la jeune fille dévoile à son petit ami que son vrai moi est ailleurs, dans une cité improbable. Il n’a en face de lui que l’ombre de celle qu’il aime, bien qu’il puisse l’embrasser.

En parallèle de cette romance plutôt chaste, nous suivons les deux personnages dans cette fameuse cité. Tout de suite, pour le lecteur assidu de Murakami, on se replonge dans un de ses premiers romans, l’envoûtant La fin des temps. Tout y est similaire l : es licornes, la ville incertaine emmurée, la rivière… L’auteur le reconnaît lui-même, d’ailleurs, dans sa postface. De ce fait, ce nouvel opus apparaît comme une justification pour retoucher une de ses premières nouvelles éponyme éditée et publiée seulement au Japon, il y a trente ans de cela, « mais avec un goût d’inachevé », dixit l’auteur.

Murakami a donc ajouté deux parties pour que ce nouveau texte s’épanouisse dans une formulation conforme à son souhait. Tant mieux pour lui !

N’ayant pu lire la première nouvelle, on peut cependant affirmer avec une forte conviction qu’à tout prendre, La fin des temps apparaît comme une œuvre beaucoup plus aboutie que cette dernière.

La cité des murs incertains se révèle comme une variation quelque peu méandreuse. Elle se contente de recycler les thèmes chers à l’auteur : l’introspection et la quête de soi ou l’amour.

Tout comme son style au réalisme magique assumé tend à perdre de sa force dans ce nouvel opus en comparaison à La course au mouton sauvage ou 1Q84.

Ce nouveau roman se place dans la veine du Meurtre du Commandeur  (1) : une œuvre, certes “murakamienne”, mais ne l’est-elle pas un peu trop ?

Souhaitons, qu’à la suite d’une série d’œuvres mineures depuis le génial 1Q84, Haruki Murakami retrouvera bientôt sa verve d’antan, comme celle de son formidable essai trop peu connu, Underground.

Notons que les éditions Belfond poursuivent les rééditions de ses œuvres antérieures avec L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage ainsi que la belle nouvelle Galette au miel illustrée par Kat Menschik.

L’excellent documentaire de Claire Laborey Haruki Murakami de « Underground » à « 1Q84 », disponible chez Arte vidéo, retrace l’attentat de la secte Aum, en 1995, qui a fait revenir l’auteur dans son Japon natal. Son analyse de l’événement et des failles qu’il révèle donneront ces 2 livres majeurs.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Lire notre chronique : https://asiexpo.fr/le-meurtre-du-commandeur-livres-1-et-2-et-de-la-musique-dharuki-murakami/ entre autres sur les romans de Murakami.

La cité des murs incertains de Haruki Murakami, traduit du japonais par Hélène Morita, 560 pages, 25€, éd. Actes Sud. En librairie depuis le 2 janvier 2025.

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