Quatrième collaboration avec Takeshi Kitano, L’Eté de Kikujiro raconte la traversée du Japon par l’enfant Masao et Kikujiro, un voyou d’une cinquantaine d’années. Voyage picaresque entre l’émotion et le rire ; une fois de plus Kitano veut démontrer qu’il sait filmer autre chose que des Yakusas. Kikujiro va ouvrir les yeux de l’enfant sur une autre réalité et une profonde amitié va naître, laissant des traces indélébiles. Cela fait vingt ans que Hisaishi travaille et ses derniers albums pour le cinéaste démontre une réelle complicité entre les deux hommes, ainsi qu’une maturité dans la composition et l’agencement des séquences. Les mélodies soulignent avec grâce ce que les critiques japonais nomment le “Kitano Blue”, cette lumière particulière qui traverse ses films. Le cinéaste n’a pas peur de privilégier les images aux paroles et atteint parfois le “zen” le plus pur comme dans “A Scene at the sea”, laissant au compositeur de longues scènes où son talent mélodique peut s’épanouir. Hisaishi travaille pour de petites formations et donne souvent le premier rôle au piano, son instrument privilégié soutenu par des cordes légères, voir diaphanes. Il arrive par une alchimie, dont il a le secret, à une grâce quasi miraculeuse… car il faut bien le dire, si ses orchestrations étaient un tantinet bancales, le résultat serait une musique larmoyante, mélodramatique qui rendrait les films de Kitano insupportables. Compositeur acrobate, il arrive toujours à trouver un thème accrocheur, une petite mélodie qui vous trotte dans la tête bien après l’arrêt du disque. Pour ceux qui connaissent bien son oeuvre, à l’écoute de l’Eté de Kikujiro, les images du cinéaste nous apparaissent sans que nous ayons vu le film, comme par magie ! Si la facture de son travail est occidentale, il intègre bien souvent des instruments japonais donnant en plus de son romantisme, une touche d’exotisme plutôt agréable.
Joe Hisaishi : il commence à être connu en Occident, mais c’est au Japon qu’il est célèbre pour avoir signé une quinzaine d’albums, une douzaine de musiques de téléfilms, une vingtaine de bandes originales de films et une flopée de musiques de pubs. Ses concerts solo au piano ou avec le Nouvel Orchestre Symphonique du Japon ont rencontré un succès considérable. Joe Hisaishi a remporté quatre fois l’”Oscar” japonais de la la meilleure musique de film. Il a collaboré avec le grand animateur Hayo Miyazaki sur Porco Rosso et Princesse Mononoke. Du style minimaliste au symphonique, de la sophistication à la variété, il alterne les genres depuis vingt ans. Vous pouvez trouver certains de ses disques en import ainsi que les BOF de Sonatine, Kids Return et Hana Bi à la Fnac ou dans les boutiques de manga et jeux vidéo.
Éditeur : Polydor poch 1788, import japonais
Pays : Japon