Dans cette aventure, le rônin Kogaratsu doit arracher le jeune Taro des mains de son oncle, le cupide Zenjiro. Ce dernier le retient comme otage afin qu’il serve de monnaie d’échange. Son père, Bento, criblé de dettes est le débiteur de son beau-frère. Toutefois, Ishi, la mère de l’enfant, que Kogaratsu connaît bien, l’engage secrètement pour cette mission.
Nous suivons avec délectation le plan finement élaboré par le héros afin de parvenir à ses fins. Non seulement, il lui faut ravir le gamin à l’oncle, mais il doit, de plus, se soustraire à ses sbires.
Il s’ensuit une course poursuite pleine de rebondissements. Alors qu’ils s’approchent de la frontière de la province amie, Kogaratsu, Taro et Tomomi, une alliée au redoutable sabre, sont cernés par leurs ennemis. En effet, le seigneur Zenjiro est aussi diabolique que ses proies. Pourront-elles lui échapper fois ?
Pour notre plus grand plaisir, une fois encore nous retrouvons le célèbre rônin Kogaratsu. Celui-ci est toujours aussi bien campé graphiquement que scénaristiquement. Le style de Michetz, le dessinateur, nous apparaît dans toute sa beauté par la justesse des scènes. Bien que minimaliste, il exacerbe la vérité des personnages. Tandis que les couleurs, loin d’être naturalistes, dramatisent admirablement l’histoire.
Si l’esthétique nous ravit d’album en album, le scénario de Bosse n’est pas en reste, loin s’en faut. Par de nombreuses ellipses, par exemple, la dynamique de l’histoire retient le lecteur en haleine tout au long de sa lecture. Les non-dits sont subtilement glissés au cours du récit, voir la fin de la scène de la cérémonie du thé entre Ishi et Kogaratsu, notamment. Ainsi, chaque vignette est porteuse d’information cruciale qui permet d’intensifier la narration jusqu’à la chute .
Seules, peut-être, quelques répliques sont un peu trop modernes pour l’époque. Il est vrai, cependant, qu’il faut se caler sur notre temps. Même pour raconter le passé aussi lointain qu’étrange du Japon médiéval.
Par son intensité, ce récit nous laisse presque sidéré, tellement on le traverse en un clin d’œil. On n’ose imaginer notre rônin favori au milieu de la bataille de Sekigahara croqué par le duo nippophile !
Encore un ouvrage dans lequel les deux complices immergent le lecteur dans le temps et l’espace pour son plus grand bonheur. À savourer pleinement !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Kogaratsu, Taro, tome 13 de Michetsz au dessin et Bosse au scénario, 2014, 54 pages, éd. Dupuis.