Auteur discret mais fidèle aux éditions Tonkam en France, Yashuiro Kanô, que l’on connaît essentiellement pour Mx Zero, nous revient avec un nouveau shônen : Kiss X Death. Publié depuis 2014 dans le Shônen Jump + de l’éditeur japonais Shueisha, ce nouveau titre mêle les thèmes de prédilection du mangaka : un contexte scolaire, une pointe de science-fiction et une bonne dose de fan-service.
Un extraterrestre nommé Z est envoyé sur Terre, et atterrit dans une forêt pour y condamner cinq prisonniers. Mais ces derniers s’échappent, prennent le contrôle de cinq jeunes filles, et par ce biais, massacrent leur bourreau. Mais Z survit, et tend un piège au premier malheureux qui passera par-là, afin de contrôler un corps humain à son tour et capturer de nouveau les cinq criminels. Deux ans passèrent ainsi, jusqu’à ce que le malheureux en question arrive enfin : il s’agit de Shingo Tozu, un lycéen otaku et renfermé sur lui-même, au point de s’être forgé une véritable phobie des filles ! La mission s’annonce donc complexe, d’autant que les prisonniers ont modifié le corps de leurs hôtes, pour en faire cinq superbes nymphes, toute devenues reines de leurs lycées respectifs…
Kiss x Death se présente ainsi comme un ersatz du manga Parasite de Hitoshi Iwaaki, auquel on aurait rajouté une grande dimension de comédie scolaire, voire « pantsu ». En effet, les extra-terrestres sont présentés comme des organismes relativement petits, qui s’implantent sur la langue de leurs hôtes humains pour contrôler plus aisément leur cortex cérébral. Ainsi, afin de déloger ces cibles, Z devra pousser le corps de Shingo à embrasser les cinq filles, mais aussi certain(e)s de leurs subalternes. Ce qui va à l’encontre des verrous psychologiques du lycéen, et qui constitue le principal ressort comique de ce premier volume. En outre, on n’échappera pas à certaines séquences plus suggestives, à base de culottes, de scène de bain à plusieurs, de baiser entre filles,etc. pour remplir un cahier des charges prévisible. Toutefois, Yasuhiro Kanô y propose une métaphore intéressante des tracas de la puberté : les corps qui changent du tout au tout en quelques mois, les pulsions qui vont à contre-courant des craintes intérieures, les fantasmes en tout genre et les amourettes naissantes… Des thématiques qui ont été abordées maintes fois, a fortiori par ce prisme de la mutation, mais qui sont glissées ici sans prétention, et contribuent au divertissement général.
Du côté des dessins, Yasuhiro Kanô maîtrise son sujet, avec un trait relativement calibré sur les standards récents. Les personnages ont un design relativement classique en particulier les cinq canons de beautés qui correspondent à autant de stéréotypes. Détail amusant : on notera les illustrations de la jaquette, en 1ère et 4ème de couverture, conçues de sorte à provoquer un effet 3D.
Au final, Kiss X Death reste un divertissement sympathique, mais qui reste avant tout destiné à un public cible adolescent. Ce n’est pas tant la quête du héros qui nous intéresse, mais plutôt les situations sulfureuses provoquées en conséquence. Toutefois, si le titre tombe rapidement dans des écueils de fan-service, gageons qu’il s’agit là d’une manière de se faire remarquer, pour développer ensuite un propos plus original.
Alain Broutta
KISS X DEATH (—-) volume 1 de Yasuhiro KANO (2014)
Science-fiction/Comédie, Japon, Delcourt-Tonkam Shônen, octobre 2016, 224 pages, livre broché 6,99€