Presque 16 ans après leur départ de leur collège de leur ville natale, tous les anciens membres d’une classe ont été conviés pour une réunion dans ces mêmes locaux. Dans ce bâtiment à l’abandon et voué à la destruction, ils se retrouvent dans une ambiance décontractée. Il manque cependant une de leurs camarades, qui s’était inexplicablement suicidée avant la fin de leur scolarité. Si le héros, qui a rappelé aux autres le destin tragique de celle-ci, cherche à comprendre pourquoi elle l’a fait, ces ex-camarades se demandent qui les a réunis ici. Apparemment tout le monde a reçu la même lettre mais aucun d’entre eux n’en est à l’origine, alors qui les a fait venir et pourquoi ? Soudain l’une des femmes se fait trancher la tête dans les toilettes. Apparait alors un être étrange et improbable, qui semble être le fantôme de Kiriko et aussi bien décider à tous les tuer. Que s’est-il donc passé 16 ans auparavant ?
Ce one shot revêt la forme classique de l’histoire d’horreur : un groupe de personnes se retrouve pour une raison quelconque dans un lieu isolé avant d’être au prise avec une entité fantastique ayant un rapport avec un évènement tragique ayant eu lieu dans leur passé. Nous retrouvons donc tous les poncifs du genre avec un panel de caractères très diversifiés mais classiques, un endroit clos, une mort suspecte, certains qui veulent l’élucider, d’autres cachant des secrets. Cependant par rapport à la plupart des titres de ce style, la fin se veut assez surprenante. Je ne vais bien sûr pas en dire plus pour ne pas gâcher le suspense mais la tournure des évènements est relativement inattendue. La conclusion de l’ensemble est assez amère et nous avons même des doutes sur le fait que cela soit vraiment terminé. Certains points restent très obscurs, les personnages ne sont pas assez développés, malgré quelques informations, et lorsque « l’action » arrive, tout s’enchaine jusqu’à la fin d’un seul coup. Cela a au moins le mérite de ne pas allonger l’histoire sans raison, l’ensemble se déroulant sur quelques heures au plus. On trouve ici l’intérêt de ce titre qui, s’il n’est aucunement original, fait avant tout bien son travail, tant au niveau rythme qu’effet gore. Concernant la trame, une fois celle-ci découverte, il est comme d’habitude difficile de revenir sur ce genre d’ouvrage ; quelques détails cependant nécessitent une seconde lecture suite à la révélation finale. Sans être un chef d’œuvre, Kiriko est suffisamment bien réalisé pour intéresser les fans du genre. On sent bien que l’auteur s’est fait plaisir mais sans oublier son public. Les autres passeront leur chemin mais c’est avant tout une histoire de goût.
Fabrice Docher
KIRIKO de Shingo HONDA (2015)
Horreur, Japon, Komikku éditions, septembre 2016, 192 pages, livre broché 8.50 euros