KAMIKAZE CLUB de Kenji Fukasaku

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Japon, années 60. Une bande de petits voyous se spécialise dans l’art de faire chanter les puissants. Grisés par le succès, ils vont aller jusqu’à se frotter au monde politique…

Jusque dans ses deniers films (“Battle Royale”), Kenji Fukasaku a montré qu’il était un anticonformiste aimant bousculer l’establishment et s’interroger sur la société dans laquelle il vivait. “Kamikaze Club” reflète l’esprit contestataire qui régnait alors, et se place clairement du côté des petits, désireux de gravir l’échelle sociale, face aux détenteurs du pouvoir, qu’il soit économique ou politique, licite ou non. Face aux dirigeants (tous corrompus) de toutes sortes, qui obéissent à des règles du passé, les héros représentent une jeunesse bouillonnante d’énergie, dotée d’une véritable fureur de vivre, souhaitant s’affranchir des cadres de cette société hypocrite. Reflet de la fougue de l’époque, ils vivent à cent à l’heure, et la réalisation de Fukasaku, qui reprend des techniques chères à la Nouvelle Vague, est au diapason : caméra mobile, montage hyper rythmé appuyé par une voix off, musique entraînante, habiles flash-backs pour mieux comprendre qui sont les héros… tout vient conférer au film, et ce dès les premiers instants, une énergie, presque une rage, incroyable. Cette frénésie ne ralentira que lorsque les maîtres chanteurs se frotteront aux très gros bonnets, à ceux qui sont socialement reconnus et qui tirent les ficelles, comme un aveu d’impuissance, comme si même toute leur fougue était insuffisante pour renverser l’ordre établi, comme si leurs rêves et leur insouciance se brisaient sur le mur des réalités. Entre désir de changement et pessimisme quant à la réalisation de celui-ci, entre rage de vivre et inéluctabilité du destin, “Kamikaze Club” est une virée pied au plancher à travers une époque.

Éditeur : Wild side Video

Pays : Japon

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