Interview de JIN Guoping (vice-président de Shanghai Film Group Corporation),
de ZHOU Ke Qin (réalisateur, directeur général des studios d’animation Yilimei de Shanghai), et WANG Hua Qiang (directeur des studios d’animation Belanim de Shanghai)
Dans le cadre des années croisées France-Chine, nous avons reçu en novembre dernier lors du 9e Festival Cinémas & Cultures d’Asie de Lyon, trois personnalités de l’industrie cinématographique chinoise.
Qu’attendiez-vous de votre présence à Lyon, qu’est-ce qui a motivé votre venue ?
M. JIN : Ça a été une grande surprise d’être invité, une très agréable surprise. C’est vraiment sympathique de rendre hommage au cinéma chinois. Ma deuxième impression est qu’il est très important qu’il y ait davantage d’échanges sur le plan culturel, cinématographique, entre les deux pays. Les spectateurs chinois sont de plus en plus intéressés par les films français. Et je suis persuadé que les spectateurs français trouveraient aussi un intérêt à découvrir le cinéma chinois. Beaucoup de films chinois ont reçu des prix dans des festivals comme Cannes. Par exemple, au début des années 80, il y a un film des studios d’animation de Shanghai qui est venu à Cannes et qui a connu une grande réussite et un grand écho auprès des spectateurs français. Je souhaite qu’il y ait davantage d’échanges entre la France et la Chine dans ce domaine. Ce que je trouve amusant, c’est qu’on considère que ce sont les frères Lumière qui sont les inventeurs du cinéma, et dans le monde cinématographique, on peut trouver beaucoup de frères, par exemple les frères Disney, et en Chine, le tout premier film d’animation a été réalisé par les frères Wan !
Une belle correspondance entre la Chine et la France…
M. ZHOU : En tant que réalisateur de films d’animation, je suis très content d’être là. Lors de la première soirée, c’était très impressionnant, nous avons assisté à la projection d’un film de Hong Kong (“Night Corridor” de Julian Lee), et il y avait beaucoup de gens dans la salle. Le film Matrix draîne beaucoup de spectateurs qui vont au cinéma, mais on voit avec le festival que les Lyonnais apprécient le cinéma asiatique et chinois notamment. Le festival de Lyon a fait un gros travail pour présenter des films d’animation de notre studio. Nous avons trouvé que c’était une belle occasion de venir en France. Auparavant, les films d’animation étaient plutôt projetés au festival d’Annecy et je souhaite que l’animation chinoise puisse être vue par des spectateurs lyonnais aussi.
A ce sujet, est-ce qu’il y a beaucoup de contacts qui ont été pris avec des distributeurs en France ? Quelles sont les démarches qui sont faites actuellement pour développer ce cinéma en France, et quelles sont vos attentes à ce sujet ?
M. JIN : Au niveau du gouvernement chinois et des professionnels du monde cinématographique, cela fait longtemps que nous souhaitons faire sortir le cinéma chinois pour que les pays occidentaux puissent y avoir accès. Il y a plusieurs voies, la plus importante, c’est à Pékin, le Bureau cinématographique central, qui se charge notamment d’établir les contacts avec les studios. Il serait bienvenu que les professionnels français, programmateurs de festivals ou distributeurs, viennent en Chine, ce qui permettrait un choix plus étendu et une meilleure connaissance de ce que nous faisons en Chine.
M ZHOU : Il existe des différences culturelles entre la France et la Chine, il faut donc, pour les dépasser, permettre plus d’échanges pour que les deux côtés se comprennent davantage. Il y a un festival cinématographique à Shanghai qui propose une programmation chinoise mais aussi asiatique. Les organisateurs du festival de Lyon sont les bienvenus pour le découvrir !
On en serait très heureux ! A M. Wang : Quel est votre rôle en France ?
M. WANG : Je travaille depuis 98 dans les studios d’animation. J’étais au départ coordinateur pour certains projets, notamment de coproduction avec la Chine, et je travaille aussi pour la télévision centrale chinoise. Mais je joue aussi un rôle de contact entre la France et la Chine et notamment les studios d’animation de Shanghai.
Quels sont les sujets qui vous semblent importants à aborder en ce moment au sujet du cinéma chinois ?
M. JIN : Nous sommes ouverts à tous les sujets, et nous sommes très contents de pouvoir participer à une table ronde sur le cinéma chinois dans le cadre du festival.
Avez-vous des projets de réalisation d’un nouveau film d’animation ?
M. JIN : Il y a trois catégories pour l’animation : les longs métrages, les séries télévisées, et les courts métrages. Il y a également deux genres : l’un classique, traditionnel, dessiné à la main, et l’autre est en 3 D sur ordinateur. Il y a également les techniques de papier découpé, les marionnettes. Au niveau de la production il existe aussi différentes possibilités : il y a notre propre production et des coproductions avec des pays européens ou occidentaux. Dans les studios de Shanghai, nous avons coopéré avec des Allemands, des Australiens, des Canadiens. Et il y a bien sûr aussi des films d’animation destinés spécialement aux spectateurs chinois. Actuellement, il y a deux projets en cours de préparation : le premier sur le thème des combattants mongols ; le second est une adaptation d’un grand roman chinois classique. Il y a également deux ou trois courts métrages, soit sur ordinateur, soit avec des techniques classiques. Et il y a beaucoup de séries pour la télé : c’est la plus grande partie de notre travail.
Pays : Divers