INNOCENT volume 1 de Shin’ichi SAKAMOTO

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Le jeune Charles-Henri estime ne pas avoir de chance. S’il vit dans une famille aisée grâce à la charge dont elle est dépositaire et qui la met à l’abri du besoin (ce qui est précieux en ces temps troublés), lui le vit comme un fardeau. Il faut dire que son père, Charles Jean-Baptiste Sanson, surnommé « Monsieur de Paris », est l’exécuteur des hautes œuvres de Paris, soit le grand bourreau officiel et qu’il sera amené à lui succéder. Cette charge est importante, nul ne contexte l’autorité qu’elle représente mais tous les détestent et les considèrent comme des pestiférés. Charles-Henri ne comprend pas la position de sa famille pour qui cette fonction est un honneur et il le dit ouvertement. Son père va alors le torturer par le supplice des brodequins pour le faire changer d’avis…

Changement complet de trajectoire pour Shin’ichi Sakamoto qui, après l’alpinisme extrême, se lance dans une fresque historique très étrange en raison du personnage central, Charles-Henri Sanson. A travers les yeux du plus grand bourreau de France (presque 3000 exécutions au compteur tout de même), il nous fait découvrir la France de l’avant Révolution, par les coulisses. Au sein de cette famille atypique, dont tous les membres ont soit été des bourreaux, soit marié à des bourreaux, nous sentons bien que cette « tradition » à un poids considérable. Le mangaka fait bien ressortir l’ambiance spéciale qui y règne comme lors du repas où les ombres sont omniprésentes, malgré les bougies. L’atmosphère morbide qui exhale d’eux est bien retranscrite, nous la faisant même presque ressentir physiquement. Mélange d’ombres et de lumières, instable psychologiquement, Charles-Henri est un personnage fascinant tant par sa destiné que par la manière dont il va l’aborder. Il croyait par exemple avoir trouvé avec Jean de Chartois une sorte de réconfort à cause de leur peine respective. Mais ce dernier, de part sa beauté et sa « naissance », était pour ainsi dire déjà condamné. Il sera la 1ère « victime » de Charles-Henri, en plus en partie par sa faute, ce qui le changera encore plus. Même si Shin’ichi Sakamoto a probablement bien enrobé le tout, avec son dessin magnifique et un découpage du même niveau, il a rendu attractif la vie d’un homme dont le travail est horrible bien que « nécessaire », un homme de l’ombre mais que pourtant tous connaissaient. C’est un bel exploit pour un mangaka qui n’a décidément pas fini de nous surprendre.

Éditeur : Delcourt

Pays : Japon

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