Sarah E. Thompson est spécialiste des estampes japonaises. À travers la riche collection du Museum of Fine Arts de Boston, et plus particulièrement 120 estampes des grands maîtres nippons, elle offre un aperçu assez complet de l’histoire culturelle et artistique de ce que l’on appelle l’ukiyo-e.
Ces “images du monde flottant” ont été réalisées entre la fin du XVIIe siècle et le début du XXe siècle, principalement durant l’ère Edo (1603-1868). Ces gravures ont révolutionné la culture visuelle de l’époque. Les tirages, réalisés en grand nombre et très peu onéreux, se sont répandus dans toutes les strates de la société, pas seulement chez l’élite dirigeante.
Ses thèmes très variés mettaient en scène aussi bien la culture du divertissement de la ville, connue sous le nom de Monde flottant : « ukiyo », la mode et la beauté, le théâtre kabuki, mais aussi la vie quotidienne à la ville comme à la campagne, la nature, l’histoire et la littérature, sans oublier les mondes fantastiques… C’est d’ailleurs à peu près l’organisation choisie par Sarah E. Thompson dans son livre.
Sous le coffret rigide et l’élégante reliure japonaise, l’amateur chevronné, comme le néophyte, se régale des œuvres tout en couleurs des grands maîtres comme Utamaro, Hokusai, Hiroshige mais aussi Kuniyoshi, Eishi ou Harunobu.
Dans sa présentation générale et historique de l’ukiyo-e, l’autrice insiste sur les 3 grandes vagues de censure de l’ère Edo. Les artistes devaient redoubler d’ingéniosité face à la suspicion permanente du shogunat et parfois même vendre leurs œuvres sous le manteau.
Le plus intéressant reste les découvertes d’estampes inédites en France notamment sur le thème de la nature ou des mondes imaginaires de Kuniyoshi par exemple.
Magnifique collection dont on ne se lasse pas !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Images du monde flottant, Estampes japonaises dans la collection du Musée des Beaux-Arts de Boston, Sarah E. Thompson, 193 pages, 38,€, 2023, éd.Nuinui.