Pour qui s’intéresse de près à l’empire du Soleil Levant, l’ouvrage de Gérard Siary s’avère être un outil indispensable. Il est pratique, dense et des plus exhaustifs. Si la compilation suit la chronologie historique, il n’en reste pas moins que la qualité narrative de l’auteur ne peut laisser indifférent.
Après avoir intéressé son lecteur au plus haut point avec la mystérieuse préhistoire de la culture Jômon (7000 AEC-3000 AEC) et celle de Yoyoi (3000 AEC-300 EC), il aborde avec une verve communicative la naissance de l’Empire au travers de son Antiquité à partir de 50 EC. En 710, est fondée la nouvelle capitale Heijoô.kyô ou Nara lorsque le territoire sous domination du ten.no perd sa dénomination de Yamato pour celle de Nihon, suite à son irrépressible extension.
Le Moyen Âge nippon 1185-1573 voit l’ascension des guerriers jusqu’à l’accaparement définitif du pouvoir en 1192 par Yoritomo Minamoto. Par conséquent, le ten.no est relégué aux seules sphères culturelles et cérémonielles. Jusqu’à la veille de l’unification, le pays est ravagé par les nombreuses guerres de conquête entre les puissants daimyô pour obtenir le titre de Shogun. Seule l’unification met fin à ces ravages permanents. Celle-ci s’amorce avec Oda Nabunaga. Elle s’affermit avec Hideyoshi Toyotomi. Pour définitivement être acquise avec Ieyasu Tokugawa.
Contrairement à une idée reçue, l’hermétisme de l’Archipel est loin d’être absolu, nous rappelle l’auteur. Le Japon reste à l’écoute du monde malgré sa progressive fermeture pendant la période Edo. (1603-1878). Par les nombreuses digressions sociales, culturelles, techniques ou cultuelles, Gérard Siary nous révèle les incessantes relations que le Japon a toujours entretenues avec le reste du monde, proche comme lointain. Il démontre ainsi, la curiosité et la soif de connaissances jamais démenties des Japonais de toutes conditions. Et ce, longtemps avant son ouverture forcée par les États-Unis.
L’époque moderne nous révèle un parcours riche en rebondissements. Tout d’abord, le basculement en quelques décennies d’une société féodale vers une modernité des plus avancées du moment. Ensuite, dans les années vingt et trente, la montée du nationalisme nippon jusqu’à la destruction de Hiroshima et de Nagasaki débouchant sur la capitulation sans conditions de l’Empire. Et enfin, une renaissance économique sous-tendue par une démocratie à la mode nipponne.
De plus, des cartes et une chronologie permettent aux lecteurs de mieux se situer dans l’histoire complexe et mouvementée de l’Archipel.
On l’aura compris, l’auteur loin de l’histoire convenue, nous ouvre les multiples portes d’un Japon méconnu et pourtant foisonnant. Ainsi, il nous arme pour mieux apprécier celui d’aujourd’hui, peut-être à un tournant de sa trajectoire.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Histoire du Japon, Gérard Siary, 544 pages, 13,50€, collection Texto, éd. Tallandier.