Ayant fait les beaux jours de Tonkam depuis 2003, avec l’apport d’artbooks, de romans et d’éditions spéciales, la célèbre série Gantz revient en fanfare en cette année 2017. En effet, l’éditeur Delcourt-Tonkam lance coup sur coup le spin-off Gantz G, dessiné par Kieta Iizuka, et une réédition du manga principal, presque 15 ans plus tard. Le tout sous une édition « Perfect », un label discutable, comme nous le verrons plus tard…
« Votre minable vie e2t terminée… Ce que vou2 ferez dan2 la 2uivante ne regarde que moi. Car telle e2t ma logique. »
Alors qu’ils tentaient de venir en aide à un poivrot tombé sur les rails d’une station de métro, Kei et son ami d’enfance Masaru meurent, fauchés par la rame traversant la gare. Mais, à leur grande surprise, tous deux reprennent vie dans une pièce à l’allure anodine, où ils rencontrent d’autres personnes qui, comme eux, viennent de mourir. Au centre de la pièce se tient une grande boule noire. Celle-ci répond au nom de Gantz, et ordonne aux personnes présentes de participer à une chasse aux aliens. Et, avant qu’ils n’aient le temps de comprendre de quoi il en retourne, les voilà téléportés en plein cœur de la ville, afin de traquer un certain « homme-poireau » … Nos héros sont-ils vraiment morts ? Qui est derrière ce jeu macabre, et comment en sortir ?
A l’instar d’un Battle Royale, Gantz fait partie des piliers du genre du « survival game », qui vit encore de beaux jours aujourd’hui avec des titres orientés sur l’action (Btooom !, Cage of Eden) ou sur la réflexion (King’s Game, le triptyque Doubt/Judge/Secret,…). Le principe est simple : des personnages qui ne se connaissent pas de prime abord se retrouvent piégés dans un jeu de massacre, et tout le sel de l’intrigue reposera sur leur survie. Gantz est ainsi connu pour son côté imprévisible et impitoyable, sous un trait assez froid qui n’épargne aucune séquence gore. Le ton est donné dès la scène d’ouverture, lorsque l’on voit les corps de Kei et Masaru se faire démembrer sans pudeur. Ce premier tome double présente ainsi tous les enjeux récurrents de la saga : tout d’abord, Kei et les autres survivants devront appréhender et comprendre la situation, tout en se faisant embarquer dans leur première mission. L’histoire est narrée principalement du point de vue de Kei, qui n’a au départ rien d’un héros empathique et altruiste. Ce rôle reviendrait davantage à Masaru, qui cherche toujours l’issue la plus pacifique, quitte à nier l’évidence. Tous deux se vouent une admiration réciproque, qui se traduit par la jalousie chez Kei et par le respect chez Masaru. Entre ces deux protagonistes, une jeune femme ne tardera pas à s’immiscer : Keï Kishimoto, demoiselle en détresse aux courbes somptueuses que l’auteur n’hésitera pas à glorifier fréquemment (en particulier dans les illustrations en début de chapitre). Les personnages secondaires serviront, pour la plupart, à illustrer le côté impitoyable et glauque de la série.
Ainsi, Gantz s’impose encore une référence du genre, bien que critiquée par les puristes sur certains aspects, mais nous n’y sommes pas encore. Les lecteurs qui seraient passés à côté du titre dans sa première édition auront là une belle occasion de le (re)découvrir. Toutefois, les fans de la première heure auront plus de mal à y trouver leur compte. En effet, cette édition n’a de « Perfect » que le nom : basée sur l’édition « bunko » (pocket) japonaise, elle en reprend la pagination double et les illustrations de couverture, mais reste sur un format classique. Aucune page couleur, aucune page bonus sinon l’interview déjà présente dans l’édition classique et un petit marque-page pour faire illusion. Le contenu en lui-même reste identique du point de vue de la traduction et de l’adaptation, ce qui laisse à penser que l’éditeur a opéré à un simple travail de compilation plus que de réédition. On comprend la frilosité de l’éditeur sur les formats Deluxe après le bide de certains titres comme Hikaru no Go, la mention « Perfect » est ici tout simplement mensongère. Il aurait mieux fallu parler d’édition « Double », d’autant que ce format propose un rapport qualité-prix intéressant par rapport à l’original.
Alain Broutta
GANTZ – PERFECT EDITION (—) volume 1 de Hiroya OKU (2000)
Action/Suspense, Japon, Delcourt-Tonkam Young, juillet 2017, 440 pages, livre broché 15.00 euros