Sorti major de la 79ème promotion de l’Académie Totsuki, le prodige Kojirô Shinomiya décide de partir à l’étranger pour parfaire sa formation. Il choisit évidemment la France, en tant que spécialiste de sa cuisine, et se sent pousser des ailes dès son arrivée à Paris. Mais les choses ne se passent pas forcément comme il l’imaginait : alors que ses bagages ont disparu, il se met immédiatement en quête d’un restaurant qui voudra bien l’engager…
Manga culinaire lancé en 2012, Food Wars connait un succès retentissant au Japon comme ailleurs, au point d’être décliné en différents produits dérivés. On compte notamment un roman signé Michiko Ito, lui-même adapté en version manga dès 2015 : Food Wars – L’étoile. Ce spin-off s’intéresse à l’un des personnages les plus populaires de la série : le redoutable Kojirô, surnommé « Le Magicien des Légumes ». La particularité de ce titre est qu’il s’articule selon deux époques : l’une contemporaine au manga original, où Kojirô, après sa débâcle au camp d’entraînement, retourne en France pour y retrouver sa combativité ; et l’autre, antérieure de 13 ans, où l’on suit son premier séjour français après l’obtention de son diplôme.
Après un premier chapitre dans le « présent » et un second dans le « passé » racontant le départ de Kojirô (propice à quelques séparations émouvantes), le manga rentre dans le vif du sujet à partir du troisième, lorsque le jeune japonais découvre la capitale. Rapidement, le récit prend une tournure qui nous surprend agréablement. En effet, « L’étoile » ne se contente pas d’être une pâle copie de « Food Wars », en se résumant à des duels culinaires et autres démonstrations de talents. Les auteurs y insufflent une profonde dimension humaine, en se concentrant sur des petites histoires personnelles dans lesquelles s’immiscera notre héros, lui-même améliorant son appréhension du monde et ses connaissances culinaires. Ainsi, la fin du volume se concentrera essentiellement sur un propriétaire de restaurant ayant perdu le goût de la cuisine, suite à la disparition tragique de son fils. Un procédé narratif qui n’est pas sans rappeler Les Gouttes de Dieu, d’autant que leurs héros respectifs se ressemblent quelque peu. Kojirô, sous ses airs hautains et prétentieux, cache au fond de lui une véritable générosité, qu’il ne tardera pas à mettre à contribution.
A l’heure où les spin-off sont à la mode avec plus ou moins de réussite, « L’étoile » apparaît comme une bonne petite surprise, didactique sans être trop tape-à-l’œil, et avec une foule de personnages attachants. Et son cadre parisien lui offre un charme tout particulier, même si c’est au prix de quelques inévitables clichés. Côté dessin, Taiki Akitoki est un véritable copycat de Shun Saeki, avec un trait légèrement plus grossier par moments et des décors un peu moins travaillés, mais sans que cela ne gêne la lecture. La série saura donc ravir les fans de Food Wars, mais les néophytes pourront également y trouver leur compte, les références à l’original n’étant nullement handicapantes pour sa compréhension.
Alain Broutta
FOOD WARS – L’ÉTOILE (SHOKUGEKI NO SOMA – L’ÉTOILE) volume 1 de Michiko ITO et Taiki AKITOKI (2015)
Gastronomie / Tranche-de-vie, Japon, Delcourt-Tonkam – Shonen, septembre 2016, 192 pages, livre broché 6.99 euros