Afin de remettre Takao dans le droit chemin et lui avouer ses sentiments, Nanako s’est offerte à lui corps et âme… mais rien n’y fait : Takao reste amoureux de Sawa et déterminé à passer de « l’autre côté ». Désemparée, Nanako décide de détruire tous ses rêves par le feu. Cet incendie éveille l’attention des autorités locales, d’autant qu’un seul élément a survécu aux flammes : le cahier contenant tous les projets de Takao et Sawa… Aussi, dès le lendemain, des policiers viennent interroger le jeune homme…
Le climax du précédent tome a ainsi laissé des marques indélébiles, à présent que les actions du tandem ont provoqué des remous dans la sphère publique. Mais Takao refuse de passer aux aveux, pour se protéger lui-même autant que Sawa, provoquant l’incompréhension et la colère de ses parents. Si Shuzo Oshimi a souvent développé son intrigue par le regard de ses protagonistes adolescents, il développe dans ce volume le point de vue des adultes et des familles, entre responsabilité et incompréhension face aux tourments juvéniles.
L’heure des aveux semble à présent inévitable, mais la lâcheté de Takao poussera Nanako et Sawa à agir, dans leurs sens respectifs : Nanako vers l’altruisme et la dévotion, quitte à encaisser les coups pour les autres ; Sawa vers le chaos et l’autodestruction. La série a donc passé un nouveau point de non-retour, et Takao ne pourra plus jamais vivre une « vie normale ». Était-ce bien le but recherché ? Car s’il a bien réussi à sortir ponctuellement de la masse, ce n’est que pour replonger dans une existence morne et taciturne. Face à ce constat amer, il se profile dans son esprit une seule voie, inéluctable, nourrie par les sombres pulsions de Sawa. Ainsi, après un nouveau face-à-face dominateur d’une troublante intensité, le volume nous laisse sur un cliffhanger irrémédiable, un sourire désespéré avant la fin de tout.
Alain Broutta
LES FLEURS DU MAL (AKU NO HANA) volume 6 de Shûzô ÔSHIMI (2009)
Suspense / Romance, Ki-oon – Seinen, septembre 2017, 192 pages, livre broché 6.60 euros