Entretien avec Hasi Chaolu, réalisateur de Urtin Duu

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Qiqige est une chanteuse d’Urtin Duu, les chansons traditionnelles mongoles classées par l’UNESCO comme patrimoine culturel. On peut encore les entendre couramment dans la province chinoise de Mongolie intérieure. Qiqige vit à Pékin pour sa carrière. Son mari, Batou, ancien vétérinaire, travaille dans un club hippique. Constatant qu’un magnifique pur sang mongol a le mal de la Mongolie, tout comme lui, il décide de le racheter puis de le relâcher dans la nature. Le couple est en désaccord sur ce sujet. Batou sort fâché et se fait tuer dans un accident de voiture. Plongée dans un profond chagrin, Qiqige perd sa voix et décide de retourner en Mongolie intérieure. La suite du film est un accompagnement vers sa terre natale et une quête existentielle.

Parlez nous un peu de votre casting.
Alatanqiqige est une excellente chanteuse. C’est elle qui a interprété toutes les chansons d’Urtin Duu, et je suis aussi étonné par son jeu d’acteur.
Parmi mes protagonistes, j’aime beaucoup Erji, cette femme petite, solide, une mère mongole typique, qui mène la vie dans un environnement difficile avec de la ténacité et de la sagesse. L’actrice qui l’interprète s’appelle Daxima. Elle est la véritable mère de Qiqige. Elle parle naturellement de façon très drôle. Dans le film j’ai essayé de préserver cette caractéristique.

Vous avez beaucoup joué sur le décor naturel.
Oui. Dans ce film, il n’y a pas d’images de prairies, comme on en voit souvent dans les films sur la Mongolie. En fait, j’ai fait le choix de filmer en hiver, pensant que cela correspondrait mieux au ton du film. J’ai ainsi essayé de montrer les contrastes entre la ville et la steppe.

Il y a une scène récurrente qui suscite beaucoup de curiosité de la part des spectateurs. Un pot est renversé en permanence devant une pile de bois, pas très loin de la yourte. Dans la nuit profonde, Erji se réveille pour soulever ce pot et l’observer longtemps. Qu’est-ce qui est caché sous ce pot ?
Vous le comprenez à la fin du film. Quand le fils d’Erji part faire ses études en ville, il urine à cet endroit. Erji a tout de suite renversé un pot dessus, afin de garder “un peu” de son fils. C’est une histoire vraie vécue par la famille de Qiqige, séparée en deux par la nouvelle frontière établie dans les années 1950 entre la Mongolie et la nouvelle province chinoise de Mongolie intérieure. Lorsque dans les années 1980, un accord autorisant les voyages entre ces deux régions a enfin été signé, les retrouvailles familiales furent très courtes. Ne sachant pas quand elle reverrait son fils, la grand-mère de Qiqige a également “renversé un pot” lors du départ de son fils.

Nous aimerions en savoir plus sur l’histoire de Chenjisihan et du petit chameau…
Selon la légende mongole, Chenjisihan (Gengis Khan) a été enterré près du cadavre d’une chamelle, qui venait d’accoucher d’un petit chameau. Dans le cadre des sacrifices mongols, et pour retrouver le tombeau de Chenjisihan, on dit qu’il faut suivre les pas d’un petit chameau. C’est un clin d’œil.

Paris, février 2009
Dans le cadre du Panorama du cinéma chinois de Paris (3-10 décembre 2008)

Pays : Chine

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