DRESSEUSES DE MONSTRES volumes 1 et 2 de Mujirushi SHIMAZAKI

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Peu après leur arrivée au collège, Ion du cursus d’élevage et Sora du cursus normal intègrent le club d’élevage. Si cela peut sembler une activité classique, il s’agit en fait ici de s’occuper de Kaijus, des monstres de toutes formes et de toutes tailles, souvent immenses. Etant apparus des années auparavant, ils ont d’abord fait des gros dégâts avant que l’on s’aperçoive qu’ils étaient sensibles à la voix de certaines jeunes filles. Depuis des tests ont été menés et des formations créées pour permettre un meilleur contrôle de ses créatures. Les 2 jeunes filles sont arrivées dans le club avec des motivations bien différentes. Si Sora adore les kaijus et a souhaité se rapprocher d’eux alors qu’elle ne peut devenir dresseuse, Ion a été forcée à cause de son talent alors qu’elle ne les aime pas. Le fait de côtoyer celui qui reste tout le temps à l’école ne l’enchante pas. Mais si en fait elle ne connaissait pas ses vrais sentiments à leur égard ?

Si les kaijus, notamment Godzilla, ont une place importante dans la culture japonaise, jamais on ne les avait vu de cette façon. Même s’ils ont souvent une taille respectable et un aspect incitant à la prudence (Bleu, le kaiju de l’école, a des allures de Godzilla avec des cornes et des griffes immenses), ils passent leur temps à dormir ou plus rarement à se chamailler entre eux. Et le chant des dresseuses ayant le pouvoir de les rendre encore plus dociles, ils ont plus l’air de gros empotés qu’autre chose. C’est pourquoi, malgré la peur qu’ils ont suscitée lors de leur apparition sur Terre, les plus jeunes n’ont plus tendance à les craindre, certains les trouvant même cools ou adorables. Rien ne s’oppose alors à ce que l’on suive de toutes jeunes filles dans leur apprentissage du métier de dresseuse ou dans leur quotidien avec ces créatures. On les suit donc pendant les cours, en sortie shopping, en train de promener un monstre ou de le laver. L’ensemble est donc très mignon, assez simple à suivre et au rythme lent mais allant à l’essentiel. Les kaijus sont presque accessoires, car l’important est l’épanouissement des divers personnages et l’évolution de leur personnalité. Si elles sont très classiques au 1er abord (l’enjouée, la timide, la studieuse, la surdouée, etc.), chacune grandira à sa façon et trouvera des réponses aux troubles de son cœur, au sein de séquences de tranches de vie qui seraient banales, s’il n’y avait pas les monstres. Et là est la particularité de Ion, qui a très probablement un rapport avec le comportement qu’ont les kaijus avec elle : si au départ elle ne semble pas les aimer, elle les considère en fait comme une partie intégrante et « normale » de son paysage. Elle n’a pas vraiment de préjugés, voyant plutôt leur côté positif, ce qui lui permet de leur trouver des noms mignons. Si l’apparition de ses monstres a donné lieu à des combats, comme le rappelle un des chapitres, et que la plupart restent parqués dans l’ancienne ville, le message de ce manga par rapport à eux est la tolérance. Profondément pacifique, cette histoire est certes simple mais aussi pleine de fraicheur et finalement plus intéressante qu’elle n’y parait. Il est presque dommage qu’elle se termine aussi vite, alors que les mystères des kaijus sont loin d’être tous résolus. D’autres aventures auraient pu facilement être vécues par nos héroïnes, surtout que l’auteur nous les montre tout à la fin adultes. Mais au moins cela ne dilue pas l’ambiance, conférant à ce titre qui certes ne plaira pas à tout le monde, un côté bien sympathique.

Fabrice Docher

DRESSEUSES DE MONSTRES (KAIJYU NO HIIKUIIN) volumes 1 et 2 de Mujirushi SHIMAZAKI (2015)

Comédie / fantastique / tranches de vie, Japon, Komikku éditions, juillet 2017, 178 pages chacun, livres brochés 8.50 euros

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