Dictionnaire encyclopédique des littératures de l’Inde et de l’Asie du sud

Immense projet que celui d’Anne Castaing, Nicolas Dejenne et Claudine Le Blanc, initié en 2015. Celui de constituer un Dictionnaire encyclopédique des littératures de l’Inde et de l’Asie du sud en langue française (projet DELI, 2015-2023).

Il est constitué de sept cents entrées rédigées par cent-quinze spécialistes français et étrangers. Le tout représente mille-dix-huit pages.

En plus de l’Inde, l’aire géographique de l’ouvrage inclut le Pakistan, le Bangladesh, le Népal, le Sri Lanka et leurs diasporas (soit environs 30 millions d’individus à rajouter). Ce projet pharaonique offre, ainsi, une approche pluridisciplinaire des productions littéraires de l’ensemble du monde indien.

En effet, il s’amorce sur un constat inquiétant de la part du trio de directeurs : il n’existe aucun ouvrage de référence en français sur le sujet. Seules quelques manifestations culturelles permettent au public francophone d’appréhender ce monde prodigieux d’Asie du Sud.

On est abasourdi face à la monumentalité des chiffres qu’implique ce projet. Hormis ceux cités ci-dessus, rien que la littérature sanskrite couvre une période qui s’étend sur environ 4000 ans. Soit de la composition du Rigveda (vers 1500 av. J.-C.) à nos jours. Si une grande partie de la production littéraire se fait en hindi ou en anglais, il n’en est pas moins vrai que les quarante-quatre autres idiomes officiels de l’Inde contribuent également à la renommée du sous-continent. Sans parler des quatre-cents langues régionales répertoriées rien qu’en Inde. On est pris de vertige à l’idée de comptabiliser le nombre total de celles d’Asie du Sud. Même si certaines sont parlées dans plusieurs pays et d’autres, sans doute, sont absentes de l’écrit, mais pas de l’oral.

L’entrée du dictionnaire concernant le sanskrit représente un bon exemple de la qualité du travail entrepris. Par une synthèse remarquable elle démontre l’importance de cette langue dans l’histoire de l’aire indienne. Elle met en lumière son rôle pivot comme vecteur de communication, bien au-delà du continent même. Elle est le véhicule de textes religieux, philosophiques, juridiques et poétiques. Son influence sur les cultures régionales est considérable pour saisir la complexité de l’expressivité indienne et, ce, à toutes les époques. Sans compter qu’elle est loin d’être encore appréhendée dans sa globalité. L’article pointe aussi la richesse de son patrimoine, la diversité de ses genres et son évolution à travers les siècles.

Un ouvrage à recommander autant aux universitaires qu’aux curieux pour s’immerger avec ébahissement et jubilation dans un univers en perpétuel renouvellement.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Dictionnaire encyclopédique des littératures de l’Inde et de l’Asie du sud , 1018 pages, 45€, éd. Classiques Garnier.

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