Deux romans de Mieko Kawakami à retrouver en librairie !

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S’il existe une écriture féminine, l’autrice japonaise Meiko Kawakami peut légitimement se prévaloir d’occuper une place de choix. Avec son dernier opus J’adore (1), elle démontre une fois encore sa grande maîtrise des histoires qui n’en ont pas les attributs traditionnels. En effet, ici, pas de suspens haletant ou de tragédie héroïque. Nous suivons simplement la vie de deux enfants que rien ne prédispose à vivre de grandes aventures. Mugi, le garçon et Hegatea, la fille suivent leurs cours la journée, font leurs devoirs à l’étude comme tous les écoliers de leur âge ou, le vendredi soir, regardent un film ensemble. Cependant, en élèves éveillés, ils se posent de nombreuses questions sur les adultes qu’ils s’apprêtent à devenir.


Dans son précédent ouvrage, qui sort simultanément en poche, De toutes les nuits, les amants (2), nous accompagnons Erié, une jeune correctrice éditoriale. Elle travaille en free-lance sur les conseils d’une ancienne collègue . Du fait de ses nouvelles conditions de travail, elle ne rencontre plus guère de monde. Une fois ses courses accomplies, elle reste chez elle pour se plonger dans son travail. Seules deux personnes croisent sa route de temps en temps. En premier lieu, Hijiri Ishikawa, son contact du service « Correctrices » dans une grande maison d’édition. Comme elle lui fournit de plus en plus de documents à corriger, elles finissent par devenir amies. Sans qu’Erié, toutefois, ne fasse de grands efforts. La relation est à sens unique. Tout glisse sur elle. Si elle s’entend assez bien avec Hijiri, elle ne cherche absolument pas à entretenir le lien. Ensuite, elle rencontre, totalement par hasard, un professeur de sciences avec qui elle finit par bien s’entendre. Elle fait donc un effort pour être avec lui, mais afin de l’écouter parler de la lumière notamment, sans que rien de tangible ne naisse entre eux. Cependant, un jour cet homme lui révèle ne pas être celui qu’il paraissait. Aussitôt, il disparaît de sa vie pour toujours. S’ensuit alors pour elle un laisser-aller qui débouche inévitablement sur une dépression sévère.

On l’aura compris, malgré la banalité des vies des protagonistes dans les deux histoires, Meiko Kawakami réussit le tour de force de nous retenir pour poursuivre la lecture. D’autant plus que son écriture du quotidien, comme il y a une poésie du quotidien, par sa simplicité et sa fluidité, entraîne inexorablement le lecteur à tourner les pages jusqu’à la fin.

C’est moins l’histoire que le comportement des personnages qui intéresse l’autrice. Dans chacune de ces œuvres, une scène de tension entre les protagonistes créent un climax inattendu et surprenant. C’est bien là la signature de Kawakami.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) J’adore de Mieko Kawakami, romantraduit du japonais par Patrick Honnoré, éd. Actes Sud, 223 p., 21,50€. En librairie le 4 mars.

(2) De toutes les nuits, les amants de Mieko Kawakami, romantraduit du japonais par Patrick Honnoré, collection Babel, éd. Actes Sud, 279 p., 7,90€. En librairie le 4 mars.

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