La Chine, deuxième puissance militaire derrière les États-Unis, aspire, depuis l’accession de Xi Jinping au pouvoir en 2012, à les supplanter. Leader économique, elle se voit déjà mener le monde à sa guise. Malgré une relative, mais indéniable perte de pouvoir de la part des États-Unis, ceux-ci ne comptent pas se laisser ravir leur leadership. Ce qui implique un continuel accroissement de leur rivalité. Au risque, non négligeable, de les entraîner dans une guerre. D’autant que l’APL, l’Armée Populaire de Libération (l’armée chinoise en fait), désormais, est « prête pour la guerre ». Sans oublier que chacun d’eux est doté d’armes nucléaires. Et rien ne nous dit qu’ils ne l’utiliseront pas. Jean-Pierre Cabestan nous rappelle cependant, que paradoxalement, elles ont toujours été un facteur de paix, même au temps de la guerre froide. Cependant une guerre non déclarée fait déjà rage dans l’espace et le cyberespace.
Tout en montrant de plus en plus sa force et sa détermination, la Chine se voit contrainte de temporiser pour le moment, du fait de son retard militaire qu’elle doit encore combler. La perspective de 2050, lui parait raisonnable pour asseoir définitivement son hégémonie. Elle patiente donc tout en se surarmant et en appliquant une tactique d’agression-temporisation, pourrait-on dire, au travers des zones grises. « Ces actions incluent les attaques cybernétiques, la propagande digitale, la désinformation, des opérations à distance difficilement attribuables… » Ce qui lui permet de « vaincre sans combattre ». En effet, celles-ci représentent, actuellement, la meilleure chance pour la Chine de parvenir à ses fins sans mener ouvertement des combats toujours risqués.
Toutefois son envie d’en découdre transparaît à l’évidence à propos de Taïwan, bien évidemment. Mais aussi en mer de Chine méridionale qu ‘elle occupe partiellement. Elle revendique de même les îles Senkaku (Diaoyu) avec une insistance et une passion nationaliste sans précédent.
On le voit : la Chine veut supplanter les États-Unis au lieu de se contenter d’une rivalité bipolaire plus sécurisante pour la planète.
Jean-Pierre Cabestan nous délivre là, comme à l’accoutumée (1), une large et pertinente analyse sans parti pris. Elle nous donne le maximum de clés pour comprendre une situation qui pourrait vite devenir explosive si l’équilibre entre les deux super puissances venait à se rompre.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique sur Demain la Chine : démocratie ou dictature ? Publié en 2018 chez Gallimard : https://asiexpo.fr/demain-la-chine-democratie-ou-dictature-de-jean-pierre-cabestan-sort-chez-gallimard/
Demain la Chine : guerre ou paix ? Essai de Jean-Pierre Cabestan, 280 p., 22€, éd. Gallimard.