Dans les années vingt, Satyacharan, jeune diplômé indien de Calcutta ne veut plus enseigner. À la recherche d’un emploi, il croise un ancien ami, qui lui en propose un d’emploi ! Désargenté, et en toute confiance, il accepte. Mais, oh ! surprise, Il se retrouve, du jour au lendemain, administrateur d’une immense propriété du père de cet ami. Petit détail qui aura une grande importance pas la suite : elle est située dans le nord-est de l’Inde. Aux confins du Bihar, chez les Hindi, pour un bengali bon teint comme lui, c’est comme s’il se retrouvait à l’étranger.
Une fois sur place, il déchante vite en effet . Non seulement il ne connait pas le dialecte local, mais la pauvreté ronge la région de toute sa cruauté. Un de ses administrés n’a même pas une casserole pour cuisiner ! En plus, l’isolement de son lieu de travail, le projette à plus de 25 km de la gare la plus proche et par là même, loin de toute ville civilisée !
Toutefois, contraint de rester, il finit par tomber sous le charme de la faune et de la flore locales ainsi que de la plupart de ses habitants. Si bien que, lorsqu’il lui faut assurer l’attribution de parcelles à défricher pour les fermages, il ne le fait qu’avec un pincement au cœur non feint et avec de plus en plus de réticence. Il s’acclimate tellement bien à la région qu’il chevauche seul, dès la nuit tombée, dans les plaines et les forêts. Et cela, contre l’avis effaré de ses subalternes qui craignent qu’il ne finisse dévoré par un tigre ou un ours. Cependant il n’en tient pas compte, fasciné qu’il est par le clair de lune ! Il donnerait toute sa fortune pour une seule nuit sous la voûte céleste !
L’auteur bengali, Bibhouti Bhoushan Banerji (1894-1950), nous narre avec un style classique et limpide, la prise de conscience d’un jeune citadin. Fascination pour la grandeur inestimable de la beauté, de la fragilité et en même temps de la puissance que recèle la forêt et par là-même la Nature. Il pointe, bien avant l’avènement de l’écologie moderne, combien cette Nature nous est nécessaire et par là-même combien il nous incombe de la protéger.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
De la forêt, Bibhouti Bhoushan Banerji, roman traduit du bengali (Inde) et présenté par France Bhattacharya, 326 pages, 10,95 €, éd. Zulma Poche. En librairie le 7 avril 2022.