Dans Samourai Reincarnation, le chef des rebelles exterminés par l’armée du Shogun, Shirô Amakusa ne peut trouver la paix. Il ne va avoir de cesse de parcourir le Japon à la recherche d’âmes nourrissant de forts regrets au moment de leur mort. Leur proposant de le suivre pour accomplir sa vengeance, en échange de leur réincarnation. Le début de la chute dans les flammes de l’enfer pour le Shogun alors en place.
2e dvd du coffret Ninjas + Samouraïs, Ninja Wars se déroule à la même époque.
Imaginez, vous êtes un seigneur féodal. Un beau jour, un sorcier apparaît chez vous, vous prédisant que si la fille du Shogun tombe amoureuse de vous, vous deviendrez Shogun à la place du Shogun. En outre, celui-ci vous propose de vous aider à confectionner un philtre d’amour, de mettre à votre disposition ses disciples dotés de pouvoirs peu ragoutant, de faire le travail à votre place en somme.
Qui êtes-vous pour refuser une telle offre ?
Samourai Reincarnation est inspiré d’une œuvre de Fûtarô Yamada écrite en 1967, Makai tenshô. Celle-ci met en scène un personnage célèbre du Moyen-Age japonais, à savoir Jûbei Mitsuyoshi Yagiû, l’un des plus célèbres samouraïs de ce temps. Personnage autant réaliste que mythique, il a donné naissance à de nombreuses adaptations sur sa vie. Notamment le film d’animation Ninja Scroll de Yoshiaki Kawajiri, lui aussi inspiré de l’oeuvre de Fûtarô Yamada.
Le film met en scène également d’autres personnages historiques comme Shirô Amasuka, et Muramasa Sengo le célèbre forgeron. Il est important ici de comprendre le contexte historique de Samourai Reincarnation, puisque c’est sur un fait marquant de l’histoire du Japon que se construit le scénario. Sans rentrer dans les détails, mais pour se faire un peu de culture quand même, celui-ci (même si les dates précises ne sont pas mentionnées dans le film, soit pour conserver l’aspect fantastique du film, soit pour camoufler une erreur temporelle) nous place lors d’un évènement appelé rébellion de Shimabara. Il faut surtout retenir de cet épisode de 1638 qu’il a été le cadre du massacre d’environ 37000 chrétiens. Or, le chef Shirô Amakusa, qui ne put supporter cette injustice, reviendra du royaume des morts et n’aura de cesse de vouloir se venger du Shogun Tokugawa.
Ainsi se mêlent histoire et fantastique, pour le meilleur et pour le pire.
Le film compte parmi ses personnages un Shogun de la famille régnante, les Tokugawa, il s’agit de Ietsuna Tokugawa. Il naquit en 1641 et décéda en 1680. Le problème étant que même si le film n’a pas vocation à être historique, et ne précise d’ailleurs pas l’année pendant laquelle se déroule l’histoire, celle-ci prend vraisemblablement place avant 1640. Soit avant la naissance de Ietsuna Tokugawa qui est représenté sous les traits d’un jeune homme ayant dépassé la vingtaine, ce qui pose un problème pour un film se centrant sur un fait historique précis. Cela ne gêne heureusement pas la compréhension de l’histoire.
Toujours est-il que ce mélange d’histoire, de samouraï et surtout de fantastique demeure sympathique. L’action n’est pas la marque dominante du film, il se distingue plus par son scénario et son ambiance. Le premier malgré une erreur historique, intrigue, car se replonge dans l’histoire du Japon pour la réinterpréter. Exactement, pour la réinterpréter, lui donner une issue différente. On aurait tort de ne voir que l’aspect fantastique, car même si celui-ci saute aux yeux, le film propose sous ses effets spéciaux une issue différente de l’histoire réelle. Ce en quoi pour moi l’aspect historique prime sur le fantastique. La fin ne vous prouvera pas le contraire, le film se termine de manière inattendue d’un point de vue historique, mais logique d’un point de vue fantastique. Les deux aspects sont habilement combinés.
C’est bien gentil tout ça, mais le côté fantastique, tu l’oublies ?
Si le scénario plonge vite dans le fantastique, à coup de morts ressuscités, les effets visuels ne sont pas en reste, et sont délicieusement kitchs (mention spéciale pour le fouet en cheveux envoyant des décharges électriques dont le bruit fait penser à un pistolet laser). Ces effets, peu nombreux, ne gâchent pas le plaisir du visionnage et contribuent à donner au film un charme particulier. Couplés avec un rythme assez lent, ils permettent d’égayer le spectateur. On ne s’ennuie pas, on prend le temps de s’imprégner de ce Japon féodal baigné de légendes et de réalité mélangées.
La mise en scène et certains plans y sont pour beaucoup. L’usage des flammes est l’un des éléments clefs de cette réussite. Vous serez plusieurs fois émerveillés devant la qualité de certains plans, et en particulier la fin façon scène de théâtre, ayant pour décor un château où l’enfer se mêle à la réalité.
Rajoutez à cela un Sonny Chiba de grande classe dans le rôle de Jûbei (à se demander s’ils ne sont pas de la même famille), et vous obtenez un film charmant.
Pour ce qui est de Ninja Wars, le résumé devrait suffire à faire le tour du film…
Plus sérieusement, le contexte du film, comme dans le cas de Samourai Reincarnation est le Japon médiéval. Le scénario proche de celui d’un conte de fée qui aurait pu être intéressant. Malheureusement, celui-ci n’est là que pour justifier le film, vous pouvez regarder le début et la fin directement, soit à peu près 20 minutes, entre les deux, il n’y a rien.
Malgré quelques idées intéressantes, telles que l’échange de têtes, ou bien l’usurpation d’identité de plusieurs personnes simultanément qui provoquera une situation cocasse, qui malheureusement ne mène nulle part.
Par quoi commencer… Les effets spéciaux kitchs (mais ne récréant pas le charme de Samourai Reincarnation), qui font passer des jets d’acide pour le chewing-gum de Rabbi Jacob de Gérard Oury sans l’aspect comique peut-être ? Ou bien les ninjas semblables à des singes volants ? Ou encore, le sorcier tiens! Qui ? Pourquoi ? Il débarque d’on ne sait où, sans qu’on sache pourquoi, et il repart sans que l’on en sache plus. Là où Samourai Reincarnation, malgré un mélange d’histoire et de fantastique faisait montre de cohérence, ici ne cherchez pas. Ajoutez à cela que Kashin (le sorcier) est le personnage le plus charismatique, alors que l’on ne sait rien sur lui ni sur ses motivations, alors imaginez les autres…
Seule la fin, très romantique est digne d’intérêt.
Ninja Wars aurait pu être intéressant, il ne l’est pas. Il aurait pu être un bon délire s’il avait été plus loin dans certaines idées, mais il ne l’est pas. Ce film n’est pas.
Une question me brûle les lèvres ; le coffret est présenté comme un “Coffret Sonny Chiba”, mais si dans le premier il est bien visible, alors dans le deuxième pourquoi n’est-il présent qu’une poignée de minutes ? Qu’on soit honnête, le second film ne peut pas être considéré comme un Sonny Chiba. Au contraire, pourrait-on suggérer l’idée d’une opération marketing se servant du nom d’un acteur connu pour faire passer clandestinement un deuxième film ?
Acteurs : Sonny Chiba Kenji Sawada/Hiroyuki Sanada Noriko Watanabe
Éditeur : HK Video
Pays : Japon