Mélanger les genres est un art que l’on sait bien difficile à manier. Si le kung-fu a, pendant très longtemps, été une composante essentielle de la plupart des films HK des années 60-70, c’est par la comédie qu’il semble avoir le plus marqué. Et si aujourd’hui les films de Stephen Chow sont si populaires c’est en grande partie grâce au pionnier du genre : Liu Chia-liang. Wild Side rend hommage au maître en exhumant trois films symptomatiques du réalisateur, dans une période où le genre se trouvait envahi par une vague de réalisme avec les très sérieux films de Bruce Lee.
La recette reste la même pour ces trois films qui pourraient se regarder comme une seule et même histoire. Mad Monkey Kung Fu, le premier du lot, nous conte la déchéance d’un maître forcé d’abandonner sa sœur au tenancier d’un bordel ainsi que de renoncer à son kung-fu en se faisant briser les mains. Sur son chemin, il croise un jeune fougueux qui, en devenant son disciple, pourrait bien exercer sa vengeance. On reconnaît le canevas typique du film de kung fu : déchéance du héros, entraînement martial puis vengeance. Mad Monkey sort tout de même du lot grâce à son casting quatre étoiles : Liu Chia-liang, Lo Lieh, Hsiao Hou et Kara-hui conférant au film des prouesses martiales tout à fait impressionnantes.
Le Prince et l’Arnaqueur nous ressert une relation maître/disciple, cette fois-ci sur fond de trahison familiale. C’est ici l’immense Gordon Liu qui porte le film sur ses épaules et fait passer la pilule lors de combats parfois longuets. Une première dans le cinéma de Liu Chia-liang qui nous avait habitués à une diversité étonnante de situations de combat.
Le dernier film du lot, Lady Kung Fu, rattrape ce léger coup de mou en exploitant à fond la veine comédie pour mieux l’intégrer dans les combats. L’histoire d’héritage convoité par les brebis galeuses de la famille tire parti à merveille du comique de situation. Mais lorsque le petit dernier de la famille apporte son amour pour la culture occidentale, le discours s’élève un peu au dessus des productions habituelles du genre. A cela Liu Chia-liang apporte une maîtrise totale dans la réalisation de combats intégrant jusqu’à une vingtaine de comédiens, et donne à la belle Kara-hui son premier grand rôle et son premier succès.
Ce coffret offre donc la possibilité d’apprécier toute l’étendue d’un genre un peu perdu, de films alliant allégrement rigueur technique et exploit martial dans l’ambiance détendue de la comédie. Et vu le nombre de stars qui sont passées devant la caméra du maître, impossible de ne pas apprécier la valeur du coffret.
Éditeur : Wild side Video
Pays : Hong-Kong