Bonnard et le Japon / Mondes flottants, du japonisme à l’art contemporain : 2 catalogues d’expositions aux éditions In Fine.

Chroniques tous | culture | livres

L’été est la période idéale pour les expositions. Elles foisonnent partout en France et 2 ont retenu notre attention. Le Japon y est présent et plus particulièrement les impressionnistes découvrant l’art japonais, le dialogue qui s’ensuit et se poursuit même dans l’art contemporain. Mais pour ceux qui ne pourraient se rendre à Aix-en-Provence ni à Deauville, il reste les catalogues oh combien magnifiques des éditions In Fine.

Notre préféré Bonnard et le Japon retrace l’influence des estampes japonaises sur celui que l’on surnomma le «Nabi très Japonard ». Fin collectionneur d’ukyio-e, il en a saisi le jeu des lumières et des formes et en a joué avec les couleurs et le mouvement pour créer ses propres œuvres.

La tenue de la 7è exposition universelle d’art et d’industrie en 1867, année de naissance de Bonnard, voit la 1ère présentation des œuvres et produits en provenance du pays du Soleil levant. C’est un signe ! Le japonisme naît alors.

L’art japonais entraîne une révolution du regard qui correspond à la recherche de Bonnard de s’émanciper des enseignements reçus à l’École des beaux-arts de Paris. Isabelle Cahn, la commissaire de l’exposition, explique très bien comment Bonnard retranscrit la richesse de l’ukyio-e dans sa propre peinture, des couleurs aux formats, en passant par la juxtaposition. « Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture. » écrit-il en 1946.

Le catalogue poursuit ensuite les thèmes communs au peintre et à l’art japonais, iconographie variée à l’appui de ce monde flottant que l’œuvre permet de saisir en plein mouvement : animaux, jeunes enfants, scènes de bain liées à « l’heure du tigre » ou bien « hanami » : la contemplation des cerisiers en fleurs, à moins que ce ne soit des amandiers ou des mimosas.

Bonnard se souciait du devenir de ses œuvres : « Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l’an 2000 avec des ailes de papillon » écrivait-il encore en 1946. Qu’il soit rassuré !

Mondes flottants, du japonisme à l’art contemporain part sur les mêmes bases de cette révélation de l’art japonais pour les impressionnistes et postimpressionnistes. S’ensuit un dialogue avec des regards croisés qui vont jusqu’à l’art contemporain au Japon. Les thèmes privilégiés en sont les paysages maritimes et urbains, la femme, la nature. Le propos s’élargit aussi vers la littérature. L’idée est d’interroger notre relation à l’autre. Le questionnement, la curiosité et le respect mutuel sont ainsi encouragés. Belles valeurs en nos temps tumultueux ! Les œuvres présentées dialoguent ainsi à travers l’espace et le temps pour nous donner à voir ces visions du monde différentes. Estampes, peintures, photographies, sculptures des 2 continents se côtoient et parfois même s’assemblent comme Au verger de Charles Angrand, peinture de 1905, et Lakeside spirit de Yochi Umetsu, aquarelle de 2022.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Bonnard et le Japon, 194 pages, 32 €, éd. In Fine.

Mondes flottants, du japonisme à l’art contemporain 154 pages, 25 €, éd. In Fine.

Évènements à venir