Un jour, le jeune Yuan Juno se réveille au fond d’un puits, sans savoir comment il y atterri. Il est secouru par un autre homme, Lawrence Ackroyd, mais découvre qu’ils sont tous deux enfermé dans un immense cachot. Alors qu’ils rencontrent d’autres personnes piégées comme eux, ils finissent par comprendre la vérité : ces huit candidats, devront se mettre d’accord pour choisir parmi eux le nouvel Empereur, comme le veut une tradition vieille de quatre siècles. Les autres prétendants deviendront ses sept princes et lui jureront allégeance. Mais entre les trahisons et les nombreux pièges du cachot, combien sortiront en vie de ce jeu macabre ?
Série en quatre volumes publiée au Japon entre 2014 et 2016, Les 7 Princes et le Labyrinthe Millénaire est un titre signé par la scénariste Haruno Atori et la dessinatrice Yu Aikawa. Le titre s’inscrit dans le genre surpeuplé du survival game, mais tire son épingle du jeu par plusieurs originalités. La première est de s’inscrire dans un univers très raffinés, aux emprunts royaux, aristocratiques à tendance semi-victorienne. La seconde est de ne mettre en scène que des bishonen (jolis garçons), pour s’attirer les faveurs d’un lectorat féminin. En outre, l’ambiance et le style graphique ne sont pas sans rappeler les œuvres de Jun Mochizuki (Pandora Hearts, Les Mémoires de Vanitas).
Les survivants correspondent chacun à un stéréotype classique : le jeune ingénu, le ténébreux, le pirate bravache, le détective énigmatique, l’aveugle réfléchi, etc. Un choix justifié par le scénario, car ces huit personnes sont censées représenter l’élite de la Nation, à l’exception du personnage central servant de narrateur, Yuan. Chacun se distingue par des attitudes qui pourront frôler la posture prétentieuse et agaçante. Tout en se soupçonnant mutuellement, ils devront résoudre diverses énigmes plus ou moins tarabiscotées. Comme le genre le veut, il ne fera pas bon s’attacher aux personnages, car la Mort peut subvenir à tout instant… à moins qu’il ne s’agisse de pure mise en scène ? Quoiqu’il en soit, difficile de croire dans les situations et caractères présentés. Les amatrices de boys love pourront tout juste se contenter de quelques déclarations d’allégeance enflammées, d’allusions ou de rapprochements tactiles, mais la dimension tragique du titre, hélas, ne prend pas.
A trop vouloir se distinguer et jouer à la frontière entre deux genres, Les 7 Princes… se destinera avant tout à un lectorat très limité, capable d’excuser certaines limites scénaristiques. Nageant dans un suspens plat, le titre met en scène quelques alliances et promet quelques trahisons, mais le manque d’empathie à l’égard de ces archétypes convenus ne permettra pas de s’y plonger outre mesure. Le graphisme reste néanmoins plaisant et délicat, malgré quelques problèmes épars de lisibilité de l’action. Mais encore une fois, seules les amatrices de beaux éphèbes pourront y trouver leur compte. Mais avec seulement quatre tomes, il pourra constituer, pour elles, un petit plaisir coupable.
Alain Broutta
LES 7 PRINCES ET LE LABYRINTHE MILLÉNAIRE (Sennen Meikyuu no Nana Ouji) volume 1 de Haruno ATORI et Yu AIKAWA (2014)
Suspense/Drame, Japon, Doki-Doki Seinen, mai 2017, 192 pages, livre broché 7,50€