Carnet sauvage de Zao Dao paraît chez Mosquito.

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La jeune autrice chinoise de bandes dessinées, Zao Dao (riz précoce) a rassemblé un grand nombre de ses études graphiques dans un recueil publié en France, carnet sauvage.

Si, pour lui, ce travail ne revêt qu’une finalité d’études, pour nous, lecteurs, il représente un riche panorama esthétique des plus savoureux.

Afin d’offrir un meilleur accès à ces trésors, avec son éditeur, il a scindé l’ouvrage en trois parties distinctes.

La première nous présente un ensemble de personnages aux attitudes diverses. Ce sont avant tout des portraits de jeunes humains en plan serré aux épaules. Les portraits sont fort bien détaillés et expressifs. Quelques scènes d’ensemble complètent cette approche.

La deuxième partie condense un maximum de personnages extraordinaires aux traits aussi imaginatifs que facétieux. Des insectes vus par en
 dessous où apparaît un visage des plus saugrenus. Ou bien alors une cohorte d’êtres extravagants à la tête de cochon ou de poisson. D’une 
certaine façon on sent l’influence des yokais japonais (1), tout en restant spécifiquement dans l'univers de Zao Dao.

En outre, au travers de différents paysages, il laisse apparaître une grande connaissance de la peintre classique chinoise. Ses pins sont tout 
droit issus de cette influence tout en restant très personnels. L'empreinte bouddhique traverse aussi toute l’œuvre.

La troisième partie du livre nous présente des compositions graphiques extrêmement abouties. Elles précèdent la réalisation de l’album Le 
Souffle du vent dans les pins, comme nous le confirme l’auteur.

À ce stade nous sommes face à de véritables tableaux tant par leur composition que par la réalisation graphique des plus poussées. Ici aussi,
 l’inventivité et le dynamisme débordent littéralement du cadre. Si les sujets sont souvent confrontés à de dures réalités, comme le vent ou les 
orages, l’humour n’y est pas absent pour autant. Voir la scène du dragon qui allie au plus juste ces deux éléments.

Un riche bestiaire s’offre également à nous au travers de ces croquis qui ne demandent qu’à vivre les aventures qu’ils sous-tendent.

Une fois refermé l'ouvrage, on n'a qu'une envie : s'y replonger. Tellement le chatoiement des formes et des couleurs nous captive. Le trait d'une 
parfaite maîtrise se conjugue admirablement avec les aplats aquarellés parfois rehaussés de gouache. Un vrai délice.

On l'aura compris, l'immersion dans ce monde n'est que jubilation et enchantement. À quand un nouvel album ?

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Lire notre chronique : https://asiexpo.fr/yokai-fantastique-art-japonais-de-brigitte-koyama-richard-est-paru-aux-nouvelles-editions-scala/ 
Carnet sauvage, Zao Dao, 20€, éd. Mosquito. En librairie depuis mai 2024.


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