Singapour, l’invention de Lee Kuan Yew de Bernard de Montferrand paraît chez Tallandier.

Historiquement, Singapour est une ancienne colonie anglaise du sud-est asiatique. Fondée en 1819 par Sir Thomas Raffles, elle est, à l’époque, un des principaux points de passage du commerce dans cette région. Ce qui permet à la Navy un contrôle efficace du détroit de Malacca qui borde l’Indonésie pour le plus grand profit de l’empire britannique. Cette cité-État de 5,6 millions d’habitants est constituée de soixante-trois îles et se situe à la pointe extrême sud de la Malaisie (1).

C’est d’ailleurs avec ce pays qu’elle acquiert son indépendance en 1963, avant de s’en séparer en 1965. Elle devient alors un état à part entière grâce à un homme, Lee Kuan Yew, qui fait l’admiration de Bernard de Monferrand dans son ouvrage : Singapour, l’invention de Lee Kuan Yew. D’ailleurs, ne le qualifie-t-il pas d’ « être exceptionnel » ?

En effet, ancien ambassadeur à Singapour, l’auteur a eu maintes occasions de côtoyer son héros. Il ne cache pas son admiration pour ce mandarin chinois. Premier ministre de 1959 à 1990, il réussit le tour de force de sortir de la misère ce territoire sans grand atout.

Sa méthode va se révéler étonnamment productive. Tout d’abord, il parvient à faire cohabiter les Chinois (75,9 %), les Malais (15 %) et les Indiens (7,5 %) avec des institutions au pouvoir exécutif fort, tout en acceptant des élections libres.

Ensuite, sa vision mélange un pragmatisme que rien ne remet en cause avec un sens et une science de l’action hors pair. Ceci, afin de mieux s’adapter aux les circonstances, car il rejette toute idéologie.

Enfin, l’Éducation avec la Défense, priment sur toute autre considération pour le premier ministre de cette « ville jardin » comme on l’a baptisée. Par une scolarité des plus rigoureuses, Singapour se positionne aux plus hautes places des résultats internationaux. Pour ce qui est de l’armée, sa compétence et son dévouement permettent à la cité-État d’assurer son indépendance sans devoir réclamer l’intervention d’une quelconque puissance étrangère.

Singapour dispose de l’un des PIB par habitant les plus élevés au monde (près de 90 000 USD en 2024). Son taux de chômage est très bas (1,9%). avec une croissance soutenue jamais démentie.

L’ouvrage passe en revue tous les problèmes auxquels le premier ministre a dû faire face avec opiniâtreté et détermination. Jamais, il n’a dérogé à son devoir.

L’un des intérêts du livre de Bernard de Montferrand est aussi d’approfondir l’analyse de l’envers du décor et des conditions impératives à l’accomplissement de cette métamorphose. Ainsi, Singapour compte près de 40 % d’étrangers qui sont souvent très qualifiés. Ce qui implique qu’au bas de l’échelle sociale beaucoup peinent à survivre dans un paysage urbain des plus dantesques : surpopulation, concurrence acharnée, cherté de la vie, etc… Tout n’est pas rose pour qui ne peut suivre le rythme.

Une leçon politique à méditer en ces temps où les élus pensent plus à pantoufler qu’à ouvrir des horizons enchanteurs à leurs administrés.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) lire notre chronique : https://asiexpo.fr/cest-arrive-a-singapour-dalain-guilldou-parait-chez-gope-editions/

Singapour, l’invention de Lee Kuan Yew de Bernard de Montferrand,336 pages, 22,90€, éd. Tallandier. En librairie le 12 juin 2025.

Évènements à venir