Sekigahara La plus grande bataille de samouraïs de Julien Peltier.

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Certaines batailles désagrègent des empires (Waterloo pour Napoléon, Stalingrad pour le III è Reich) alors que d’autres les unifient. Celle de Sekigahara, au Japon, appartient à cette dernière catégorie. À l’orée du XVII è siècle, dans les rizières intérieures de l’archipel, se déroule la plus grande bataille de samouraïs de tous les temps selon l’analyse percutante de Julien Peltier dans son ouvrage éponyme.

Plus qu’un affrontement sans merci, l’historien nous fait vivre au cœur de la haute caste des guerriers nippons. Ceux les plus susceptibles de s’emparer du pouvoir shogunal vacant. Très vite deux clans s’opposent. Le premier fidèle aux Toyotomi est conduit par Mitsunari représentant plus ou moins officiel de la régence de Hideyori, fils du Taiko qui vient de décéder. Le second se forme autour de Ieyasu Tokugawa, le daimyo le plus puissant de l’empire. 

« L’enjeu est de taille, rien moins que pacifier et unifier l’empire sous sa bannière » nous précise l’auteur avec un sens du raccourci des plus justes. Dans une bataille titanesque, les adversaires, tour à tour, prennent le dessus. Sans toutefois, remporter la victoire. Celle-ci bascule lorsqu’un des capitaines, Kobayakawa Hideaki, change de camp en pleins combats. Décision fort courante au Moyen Âge nippon. Grâce à ce revirement convenu à l’avance entre les deux chefs, mais qui traîne à s’accomplir au goût du futur shogun, la Pax Togugawa s’instaure. Elle durera jusqu’à la restauration Meiji, marquant ainsi la fin de la boucherie et apportant la prospérité au pays.

C’est avec un sens du suspense et une analyse de la stratégie militaire que l’auteur nous fait revivre ce basculement dans l’histoire nipponne. En effet, bien avant l’affrontement, il nous démontre brillamment toutes des tractations et les jeux de palais qui s’opèrent dans le dos de chacun. Cela passe par des mariages arrangés afin de gagner la puissance d’un clan indécis. Tout autant que par l’intimidation armée ou la contrainte au seppukku dans les cas les plus extrêmes. À ce petit manège, le clan des Tokugawa tire son épingle du jeu. Tout en gardant à l’esprit que ce triomphe ne s’obtint que sur un coup de dés.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Sekigahara La plus grande bataille de samouraïs, Julien Peltier, 288p., 22€, éd. Passés / Composés, août 2020.

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