Une nouvelle édition du célèbre Quartier lointain du maître Taniguchi, cela ne se refuse pas ! D’autant qu’elle bénéficie d’une nouvelle traduction de Frédéric Boilet.
C’est sa collaboration avec Moebius sur Icare en 1997 qui lui donna l’idée de l’album qui le rendit célèbre en 1998 (1) en France. Depuis, il n’a cessé d’être réédité et adapté. Artiste protéiforme, Jirô Taniguchi a débuté sa carrière de mangaka plutôt dans le policier et l’aventure. Il la poursuit en s’appuyant sur plus sur des sensations.
Avec Quartier lointain, il développe ainsi un récit intimiste, à la 1ère personne et dont le cadre est sa région natale. Sur une idée appartenant au genre fantastique : le voyage dans le temps, il tisse un récit nostalgique. Le héros Hiroshi Nakahara a 48 ans. En rentrant d’un voyage d’affaires, il se trompe de train et se retrouve dans sa ville natale. Il décide alors d’aller se recueillir sur la tombe de sa mère et… s’endort devant sa stèle. Lorsqu’il se réveille, il est le garçon de 14 ans qu’il fut jadis. Retrouvant son corps d’adolescent et son passé, il déambule dans son quartier. Il se rend alors compte qu’il n’est pas si « lointain » qu’il le pensait.
Le récit se fait alors chronique sensible de la famille, du collège, des amis dans une petite ville nipponne des années 60. Ce voyage dans le temps est aussi l’occasion pour Hiroshi de ressentir pleinement mais aussi de comprendre ce qui s’est passé de si important cette année-là.
Et le roman graphique ou seinen prend des allures de réflexion philosophique sur l’amour filial, la vie même. Comment on la dirige ou comment elle nous mène. Pourquoi nos parents ont-ils agi de telle ou telle façon.
Un magnifique voyage en noir et blanc à la fois intimiste et universel. À découvrir dans son sens original de lecture !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique https://asiexpo.fr/lart-de-jiro-taniguchi-aux-editions-casterman/
Quartier lointain de Jirô Taniguchi, 408 pages, 24€, éditions Casterman. En librairie le 9 novembre.