À l’occasion de l’exposition consacrée à Isao Takahata à la Maison de la Culture du Japon à Paris, les éditions Glénat publient une de ses œuvres emblématiques, Pompoko, sous forme de gros manga tout en couleurs. Il s’agit d’une truculente fable écologiste de 1994, présentée au Festival International de Cinéma d’Animation d’Annecy en 1995 et sorti en France en 2006 seulement.
Autrefois les tanukis (chiens viverins) vivaient en bonne entente avec les hommes. Ces derniers cultivaient leur jardin tandis que les premiers se nourrissaient de ce que la nature leur prodiguait. Car le tanuki est gourmand ! Mais avec l’urbanisation galopante, les humains détruisent les collines et les tanukis peinent à trouver leur pitance. D’autant qu’ils sont aussi gaillards et se reproduisent en nombre.
Alors ils décident de recourir au « grand art », celui de la métamorphose, qu’ils pratiquaient jadis mais dont ils ont peu à peu perdu le talent. Quelques maîtres anciens le connaissent encore et ils vont entraîner les jeunes. Ils pourront alors effrayer les humains et freiner ainsi leur travaux d’urbanisation sauvage.
Le tout donne des scènes burlesques de métamorphoses bancales, de guet-apens nocturnes et de déambulations dans Tokyo.
Takahata s’inspire du folklore nippon : la tradition des tanukis remonterait au IVè siècle. À l’origine, malveillants et trompeurs, le réalisateur en a fait une société très similaire à celle des humains. Elle a ses « va-t-en guerre » et ses sages. Elle doit s’adapter pour ne pas disparaître ou se transformer en humains pour vivre parmi eux. Les tanukis rivalisent avec les kitsune (renards) qui ont aussi le don de métamorphose tandis que l’esprit des maisons détruites revient hanter les travailleurs du bâtiment.
Le réalisateur s’inspire aussi beaucoup de la tradition picturale japonaise, notamment de l’ukiyo-e. On retrouve le squelette, la lanterne, le dragon d’Hokusai notamment.
Le manga permet de fixer les personnages, les décors, mais rien ne vaut le film d’animation du studio Ghibli !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Pompoko, le film d’Isao Takahata, 640 pages, 15,50 €, coll. Anime comics Studio Ghibli, éd. Glénat.

