Un peu plus d’un an après la conclusion célèbre Pandora Hearts, les fans de Jun Mochizuki peuvent enfin se réjouir : la mangaka est de retour en France, une nouvelle fois aux éditions Ki-oon, avec Les Mémoires de Vanitas. Sous son titre original Vanitas no Carte, cette série fut lancée au Japon à la toute fin de l’année 2015, dans les pages du mensuel Gangan Joker de l’éditeur Square Enix. Après avoir exploré un univers inspiré d’Alice aux Pays des Merveilles, Jun Mochizuki s’oriente ici vers une autre thématique qui saura parler à son lectorat : une histoire de vampires, dans un Paris fin XIXe steampunk !
L’histoire débute dans ce monde alternatif où humains et vampires coexistent, les seconds ayant juré de ne plus jamais s’attaquer aux premiers. Nous suivons Noé, un vampire à la recherche d’un livre légendaire : le grimoire de Vanitas. Selon la légende, Vanitas était un vampire né sous une lune bleue, repoussée par ses semblables. Consumé par la rancune, Vanitas conçut ce livre, capable d’agir sur le principal point faible des vampires : leur nom véritable. En route vers Paris dans un dirigeable, Noé fait la connaissance d’Amélia, une femme vampire qui s’emporte soudainement dans une soif de sang meurtrière. C’est alors qu’intervient un jeune homme mystérieux, un humain qui se fait appeler Vanitas, et qui, pour calmer la demoiselle, dégaine le fameux grimoire !
Jun Mochizuki nous embarque ainsi dans une intrigue emplie de mystère et de faux semblants, dans un très long chapitre d’introduction qui permettra d’exposer son univers, ses enjeux, et ses personnages. Suite à cette rencontre, Vanitas proposera à Noé de devenir son garde du corps. Mais, par le biais d’un flash-forward, la mangaka nous annonce une issue tragique à cette collaboration. Qu’en sera-t-il exactement ? A peine nous remettons-nous de toutes ces interrogations que le récit se poursuit sur Paris, à la rencontre de nouveaux personnages et d’une première « mission » pour les deux héros. Mais alors que l’on semble distinguer un semblant de mécanique dans le scénario, l’auteure choisit une nouvelle fois le contrepied, en introduisant de nouveaux personnages et enjeux.
C’est là la particularité du style de Jun Mochizuki : une narration très éparpillée, un casting de personnages très denses, dont les réactions peuvent changer du tout au tout d’une page à l’autre, pour un premier volume assez conséquent en nombre de pages. Un style très riche et très dynamique qui n’offre que très peu de répit, mais qui, à la longue, pourra perdre les lecteurs inattentifs. De même, le récit est ponctué par de très (trop?) nombreuses touches d’humour qui, en cherchant à détendre l’atmosphère. Mais l’insistance permanente sur le charisme des personnages, ou le comportement détendu de Vanitas, nuit à la puissance des enjeux eux-mêmes. Même chose du côté du style graphique de Jun Mochizuki, impeccable lorsqu’il s’agit de focaliser l’attention sur un personnage ou sur décor, il devient un peu plus brouillon lors des scènes d’action. Pour autant, on notera une nette amélioration depuis Pandora Hearts, et l’entame de ce récit reste suffisamment efficace, pour convaincre jusqu’aux lecteurs les plus réticents au style de l’auteur. Les fans, eux, resteront toujours aussi mordus.
Alain Broutta
LES MEMOIRES DE VANITAS (VANITAS NO CARTE) volume 1 de Jun MOCHIZUKI (2015)
Fantastique/Action, Japon, Ki-oon – Shônen, juillet 2017, 208 pages, livre broché 7,90€