En 2015, la collaboration entre Glénat et les Éditions du Patrimoine s’enrichissait de deux nouveaux titres au décor commun : la bande-dessinée Meurtre au Mont-Saint-Michel, et Mont-Tombe, premier global manga de la collection, dessiné par Asan sur un scénario de Guillaume Dorison, alias Izu. Moins d’un an plus tard, en juillet 2016, ce même Izu en scénarise la suite, en s’associant avec un nouveau dessinateur : Morgil (Entre chien et loup). Ce nouveau titre, L’Ordre d’Avalon, paraît chez l’éditeur en juillet 2016.
Cette nouvelle intrigue reprend quelques-uns des personnages de Mont-Tombe. Nous retrouvons l’historien Nicolas Quitin, en pleine séance de dédicace de son dernier livre, au sein d’une boutique de souvenirs du Mont-Saint-Michel. C’est alors que son ami et co-auteur, le japonais Ryo Tachibana, est retrouvé mort, tué par balles. Se rendant sur les lieux du crime, il retrouve leur amie commune, le lieutenant de police Clotilde Dumont. Ecartée de l’affaire, Clotilde de mener sa propre enquête en douce, avec l’aide de Nicolas. Leur premier indice est un médaillon, retrouvé sur le corps de Ryo, qui fait mention de la tombe du Roi Arthur…
Partant sur une affaire inédite, L’Ordre d’Avalon peut se découvrir sans avoir lu Mont-Tombe au préalable. Mais certains éléments pourront manquer, comme les relations unissant les trois amis, ou les causes de la mise à l’écart de Clotilde. Le récit ne perd pas de temps et se focalise sur l’enquête, qui s’inscrit, comme pour le titre précédent, dans une des nombreuses légendes liées au Mont-Saint-Michel ; en particulier, celle affirmant que le Roi Arthur lui-même y repose. C’est en tout cas ce dont est convaincue une société secrète, que l’on sait liée à l’affaire depuis les toutes premières pages. Toutefois, l’enquête de nos deux héros progresse rapidement, à coup de recoupement d’indices, de légendes et de vieilles histoires familiales. Les choses avancent bien, trop bien même, et nous feront rapidement flairer un second niveau de machination… Néanmoins, l’intrigue est riche en informations et se perd parfois, ou ne va pas au bout de toutes ses pistes narratives ; plus particulièrement sur ses dimensions politiques, écologiques ou archéologiques.
Du côté des dessins, le trait de Morgil se veut assez réaliste, mais le dessinateur a tendance à représenter les personnages toujours sous un même angle (le classique « trois-quarts face) et peine à rendre les séquences d’action dynamiques. De même, un profond travail de documentation a été réalisé, et de nombreux décors ont été conçus à partir de véritables photographies du Mont. Si cela renforce l’immersion et l’aspect culturel, on notera certains problèmes d’intégration des personnages dans la perspective des photos. Ainsi, sans être handicapant pour la lecture, le dessin sort de nos habitudes de lecteur et pourra parfois s’avérer déstabilisant.
Dans un souci didactique, nous trouvons en fin d’ouvrage plusieurs compléments culturels aux différents éléments mentionnés dans le récit. On pourra ainsi approfondir les sources d’inspiration d’Izu et combler les quelques frustrations apportées par le récit. Mais au final, l’Ordre d’Avalon est un thriller relativement classique, convenu par certains aspects, qui s’appuie un peu trop sur son décor mais n’insiste pas assez sur sa dimension ésotérique.
Alain Broutta
L’ORDRE D’AVALON (—) one-shot de IZU et MORGIL (2016)
Thriller/Culture, France, Glénat – Seinen, juillet 2016, 144 pages, livre broché 10,75€