Quoi de plus naturel que d’arroser son départ à la retraite avec ses collègues ? C’est ce que M. Takewaki, chef d’une succursale de fabrique de tissu accepte avec réserve, un soir enneigé, à Tokyo. Cependant, la suite des évènements ne se passera pas comme prévu…
En effet, dans le métro qui le ramène chez lui il est pris d’un malaise et se retrouve à l’hôpital, en soins intensifs. Bien que dans le coma, sa conscience est parfaitement en éveil. Dans sa chambre, des visiteurs l’entrainent qui dans un restaurant, qui sur une plage… Et à chaque fois il revit des moments de sa vie. De même, par l’intermédiaire d’un autre mourant, il est entrainé dans les rues de Tokyo à la fin de la guerre, époque qu’il n’a pas vécue lui-même étant né dans les années 50.
Tout un jeu s’élabore entre la réalité : visites du corps médical, de la famille et des proches, les relations qu’il a avec eux, et des évènements de son passé réels ou imaginés. Asada Jiro crée tout un réseau de personnages qui donne corps à l’histoire de toute une vie et à la notion de résilience.
Sur un ton distancié, presque désinvolte il nous entraine avec le plus grand naturel dans la psyché de M. Takewaki. Façonnée par la figure maternelle, qui, bien qu’absente, n’a cessé de lui insuffler la nécessité de s’accrocher à la vie. La métaphore du métro revient régulièrement comme enfantement et stations importantes de sa vie.
De façon très habile et subtile, l’auteur nous entraine sur de fausses pistes tout au long du récit grâce à de multiples points de vue. Pour mieux nous révéler in fine la profonde motivation de M. Takewaki.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
L’ombre d’une vie, Asada Jiro, roman traduit du japonais par Jacques Lalloz, éd. Picquier, 360 pages, 22 €. En librairie le 2 janvier 2020.