L’ombre du feu de Shinya Tsukamoto sort en salle.

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Japon, au lendemain de la seconde guerre mondiale, une jeune femme se terre dans l’antre d’un bar où elle se prostitue. Un petit orphelin en haillons et chapardeur s’y réfugie aussi. Un soldat tout nouvellement démobilisé et ne parvenant plus à faire quoi que ce soit y prend ses quartiers. Les 3 déshérités goûtent ainsi, durant quelques nuits, ce qu’ils ont perdu. Mais cette nouvelle famille parviendra-telle à vaincre ce que la guerre a détruit autour d’eux et en eux ?

La réputation de Shinya Tsukamoto est d’être un artiste punk à la David Cronenberg. Ici c’est son versant réaliste et historique qu’il met en scène. Avec L’ombre du feu, il finalise sa trilogie sur les heures sombres du pays et la guerre. Commencée en 2008, avec Killing et les samouraïs, elle se poursuit en 2014 avec Fires on the plain où il mettait en scène déjà un soldat nippon démobilisé aux Philippines et qui survivait en errant et se nourrissant de cadavres humains. La monstruosité n’était pas loin.

Ici non plus d’ailleurs. Shinya Tsukamoto n’épargne rien au spectateur de la violence et de la ruine. Son esthétique de la destruction est des plus expressives. Dans la 1ère partie du film, un huis clos étouffant, sombre et suintant, les 3 personnages principaux sont en proie à la faim, la saleté et la honte. Dans la seconde partie, même si on est en extérieurs, dans une espèce de road movie (à pied) sanglant, l’atmosphère n’est pas plus saine puisque tout n’est que destruction, folie et désolation.

On pense à Allemagne année zéro de Roberto Rossellini, au Tombeau des lucioles d’Isao Takahata. Comme eux, L’ombre du feu dit l’horreur et la folie de la guerre sur les petites gens, le peuple tandis que les privilégiés ne s’en préoccupent pas. Le seul espoir qui pointe est cet enfant, témoin et témoin de toutes ces horreurs. Il devra vivre avec.

Il faut donc voir ce film pour ne pas oublier les ravages de la guerre, de toute guerre.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

L’ombre du feu  écrit, produit et réalisé par Shinya Tsukamoto. Japon, 2023, 95 min. Distr. Carlotta. En salle le 1er mai 2024.

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