Les Samouraïs sous la direction de Benjamin Brillaud paraît en Texto chez Tallandier.

L’histoire des samouraïs peut se résumer en trois nombres. D’abord, mille ans : c’est à peu près la durée d’existence officielle de cette caste guerrière. Ensuite, deux cent cinquante ans : c’est le temps durant lequel la Pax Tokugawa, imposée par la famille shogunale du même nom, a assuré la stabilité à l’ensemble des fiefs féodaux. Enfin, 1868 : c’est l’année de la restauration impériale menée par Mutsuhito, mieux connu sous son nom posthume de Meiji tennô.

L’ouvrage compilé par Benjamin Brillaud, Les Samouraïs, retrace l’histoire de ces hommes lige. À travers des articles percutants rédigés par les plus éminents spécialistes du Japon en France (1), nous accédons à des analyses récentes et rigoureuses sur cette caste. L’ensemble couvre l’évolution des samouraïs, de leur ascension à leur prise de pouvoir jusqu’à leur déclin. Ce célèbre vulgarisateur, connu pour sa chaîne YouTube d’histoire Nota Bene, déploie ici son talent de synthèse et de transmission.

En dévorant cette pertinente compilation, on oscille entre le sérieux scientifique des contributions et les mythes fantasmés à profusion dès l’élimination de cette classe. En effet, au tournant du XX siècle, une idéalisation sans limites des samouraïs se répand d’abord au Japon, puis gagne rapidement l’Occident, avant de fasciner le monde entier.

Un exemple frappant s’impose à quiconque s’intéresse un tant soit peu aux péripéties féodales du Japon. C’est la représentation du guerrier sur le champ de bataille. Dans l’imaginaire collectif, il apparaît toujours comme un homme à pied se lançant à l’assaut de ses adversaires avec son seul katana. Eh bien, non ! Si cette image a existé, elle reflète très imparfaitement la réalité historique. Le samouraï est avant tout un cavalier. Pour tout dire, un archer qui combat avec son arc et ses flèches, depuis la fin du IXᵉ siècle.

Un autre mythe concerne la place du vassal dans la hiérarchie féodale. Selon le bushido, tel qu’il est écrit du XIX au XXI siècle, le maître attend une loyauté absolue et un courage indéfectibles de son subordonné. S’il est vrai que certains vassaux ont fait preuve d’une telle abnégation, cette attitude demeure loin d’être la norme (2). Pire encore, certaines familles n’hésitent pas à se scinder en deux groupes pour soutenir chacune une faction rivale. Histoire de retomber sur ses pieds à la fin des combats.

N'en doutons pas le samouraï fascine. On en veut pour preuve le nombre impressionnant d'adaptations cinématographiques de films de sabre tel que Junjiro ou bien Les sept samouraïs, à l'étranger et plus particulièrement à Hollywood.
Un ouvrage des plus nécessaires pour mieux appréhender la réalité de ces guerriers au fil des siècles tout en savourant leur plasticité mythique.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) lire notre chronique : https://asiexpo.fr/le-japon-ancien-des-chasseurs-cueilleurs-a-heian-de-laurent-nespoulos-et-pierre-francois-souyri-parait-chez-belin/
(2) lire notre chronique : https://asiexpo.fr/sekigahara-la-plus-grande-bataille-de-samourais-de-julien-peltier/

Les Samouraïs sous la direction de Benjamin Brillaud, 368 pages, 11 €, coll. Texto, éd. Tallandier. En librairie depuis octobre 2025.

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