Suite au tremblement de terre dont l’épicentre se situe aux abords de la région du Tohoku, Le 11 mars 2011, à 14h48, un tsunami de 37 mètres de haut ravage le nord est du Japon. Il cause près de 20000 morts et laisse plus de 400000 personnes sans abri tandis que 3 réacteurs de la centrale de Fukushima explosent. Les dégâts se montent à 210 milliards de dollars.
Suite à ses nombreux reportages sur place pour le Times (1), Richard Lloyd Parry prend connaissance d’un fait divers surprenant et tragique. En effet, il apprend que 74 enfants sur 78 de l’ école d’Okawa ont péri alors qu’une colline juste derrière l’école pouvait les sauver ! Il se renseigne alors auprès des familles pour savoir ce qui a pu se passer. Après de multiples enquêtes, témoignages et réunions d’information, il constate que les adultes de l’école , trop soumis à des consignes de sécurité imprécises, n’ont pas pris la mesure de la réalité et ont tellement tergiversé qu’ils se sont faits prendre par la vague. Les enfants leur demandaient simplement de monter sur la colline ! Suite aux défaillances de l’Administration, la moitié des familles porte plainte contre la préfecture afin d’obtenir un dédommagement, mais surtout une reconnaissance de l’incompétence des adultes de l’école. L’affaire n’est pas encore terminée aujourd’hui , le jugement sera rendu en appel cette année !
Le grand intérêt du livre est de nous faire partager , au plus près, les affres que subissent les survivants. Les parents des enfants disparus sont toujours à la recherche de leur corps : une mère de famille passe le permis de conduire d’engins de travaux publics pour être plus à même de retrouver le corps de son fils ! Il nous montre aussi la soumission des individus au système : toutes les familles n’ont pas porté plainte par exemple. L’enquête de Richard Lloyd Parry est méticuleuse, empathique et très approfondie. Le journaliste fait preuve d’un profond humanisme et d’une honnêteté sans faille afin de nous restituer au plus près l’horreur de cette tragédie. Du grand art !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Richard Lloyd Parry vit depuis 23 ans à Tokyo et est correspondant du Times pour l’Asie.
Les fantômes du tsunami , Richard Lloyd Parry, Payot, 316 pages, mars 2018, 23€.