1930. La Corée s’appelle alors Joseon et c’est une colonie japonaise. Séoul se nomme Gyeongseong et s’ouvre aux influences de l’Occident tandis que le Japon impose la loi de l’occupant et sa langue.
Les enfants de l’empire, ce sont Arisa Jo, la fille d’un « magnat du tissu », et Jun Seomoon, « le bouseux ». En fait, il vient de la campagne, est issu d’une famille noble mais déchue. À la mort de son père, M. Jo les a recueillis, lui et sa mère, et ils vivent ainsi sous le même toit.
Ce deuxième tome trace son sillon entre modernité et tradition, ville et campagne. Arisa Jo s’affirme en jeune fille moderne qui veut goûter, comme les hommes, l’alcool de raisin qu’a rapporté son père de voyage, et qui n’hésite pas à aller acheter un stylo plume dans un grand magasin, temple citadin. Elle noue une « relation S » avec Mari Bak. À l’opposé, Jun Seomoon reste proche des valeurs traditionnelles de sa campagne natale et s’accommode mal de la frivolité. Même s’il apprécie les plaisirs culinaires comme le bouillon de bœuf ou le bingsu qu’il découvre avec délice.
Yudori, que l’on connaissait déjà pour le beau Le ciel pour conquête (1) assume tout : scénario, dessin, couleur. Son trait est réaliste. Sa mise en page est classique, mais parfois éclatée pour accentuer le dynamisme des scènes. Elle adopte alors les codes du manga comme lorsque Jun Seomoon se retrouve très près d’Arisa Jo, son trouble en devient comique.
Et même si ces deux là s’attirent comme des aimants dans la légèreté de l’adolescence, se profile peut-être le moment où ils se sépareront. Jun Seomoon a déjà des idées bien arrêtées sur les études qu’il voudrait poursuivre pour comprendre le monde.
Yudori semble avoir pris plaisir à se plonger dans cette période historiquement charnière de son pays. Elle en explique les particularités dans une page documentaire à la fin de chaque chapitre. Une sorte de prise de notes dessinées. Une hybridation originale et bienvenue.
Il reste encore 3 tomes pour découvrir le destin d’un pays à travers cette romance adolescente.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique : https://asiexpo.fr/le-ciel-pour-conquete-de-yudori-parait-aux-editions-delcourt/
Les enfants de l’empire par Yudori, 224 pages, 20,50 €, éd. Delcourt. En librairie le 19 novembre 2025.