C’était l’un des événements des festivals de Cannes Classiques puis de Lumière en 2021. L’actrice de l’âge d’or des studios japonais devenue réalisatrice dans les années 50, Kinuyo Tanaka est à nouveau à l’honneur pour le plus grand nombre des spectateurs cette fois-ci. En effet, ses 6 films derrière la caméra sortent en DVD et Blu-ray dans un coffret agrémenté d’un documentaire inédit. Dans Kinuyo Kanata, une femme dont on parle, Pascal-Alex Vincent retrace la carrière exceptionnelle de l’actrice et réalisatrice nipponne.
Ayant démarré sa carrière d’actrice dans le cinéma muet, Kinuyo Tanaka (1909-1977) a tourné plus de 250 films avec les plus grands réalisateurs japonais. Elle joua notamment dans les plus grands Mizoguchi : La Vie d’Oharu femme galante (1952), Les Contes de la lune vague après la pluie (1953) ou L’Intendant Sansho (1954). Mais aussi avec Shimizu, Ozu, Naruse, Ichikawa.
C’est en 1953 qu’elle décide de passer derrière la caméra, devenant ainsi la première femme cinéaste au Japon. « Maintenant qu’il y a également des femmes élues au parlement japonais, j’ai pensé que ce serait une bonne chose qu’il y ait aussi au moins une femme réalisatrice. » fit-elle remarquer finement.
Mais ce n’est pas sans embûches qu’elle réalisa 6 longs-métrages avec succès pour différents studios. Lettre d’amour, en 1953, est un mélodrame autour d’un amour perdu. La Lune s’est levée, en 1955 est plutôt une comédie du sentiment amoureux, « à la Ozu ». Maternité éternelle, la même année décrit le parcours sensible d’une femme debout dans la tourmente. La Princesse errante, 5 ans plus tard est une fresque historique et spectaculaire tournée en CinémaScope. La Nuit des femmes, en 1961, fait l’édifiant récit du retour à la vie d’une jeune prostituée et profite de la liberté qu’apporte la Nouvelle Vague. Et en 1962, elle met en scène l’ample odyssée amoureuse de la tragique et flamboyante Mademoiselle Ogin.
Tous ces films sont autant de portraits de femmes sublimes. Ils donnent aussi de leur réalisatrice celui d’une femme forte et subtile de l’histoire du cinéma japonais.
Notons que le festival Lumière présentera Kinuyo Kanata, une femme dont on parle en 1ère mondiale à la Villa Lumière lundi 17/10 à 14h30. Une bonne introduction à la découverte ou redécouverte d’un regard féminin posé sur le cinéma nippon.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Coffret Kinuyo Kanata, réalisatrice de l’âge d’or du cinéma japonais, éd. Carlotta. Sortie le 18 octobre.
