Ce gros album rassemble les 5 tomes de l’épopée formidable d’un fils de petit chef de tribu nomade mongole. C’était il y a presque 8 siècles. L’enfant bâtard s’appelait Temoudjin, « l’homme de fer ». Après quelques années de bonheur insouciant, il connut une enfance bafouée du fait de sa bâtardise. Son adolescence fut marquée par l’horreur d’une cangue qui l’emprisonnait. Mais ces tortures multiples le firent mûrir et il devint vite un fin stratège. De bataille en bataille, il rassembla bientôt, sous son « grand étendard à 9 queues de yaks », un nombre toujours plus grand de tribus et de clans. Avec lui les Mongols retrouvèrent la fougue de leurs ancêtres, les Huns. Ils mirent à feu et à sang l’ Empire du Milieu et la moitié du monde connu de l’époque. Temoudjin devint alors Gengis Khan, « le seigneur inflexible ».
L’album raconte par le menu la famille, les alliances, les batailles, les sièges et les actes du héros. Le lecteur entre dans son intimité, dans ses pensées même. Le récit nous est en effet conté par l’un de ses plus proches et fidèles compagnons depuis l’enfance : Baa Tu, lors du rapatriement de sa dépouille dans sa steppe natale.
Houot et Ramaïoli mettent formidablement en images cette vie de conquérant. Ils lui donnent chair et esprit et par là même humanité. Très jeune, il est espiègle et plein de sagacité. Adulte, il sait s’entourer des meilleurs. Djébé, par exemple, est un ancien Merkit à qui il a laissé la vie sauve alors qu’il venait de lui planter une flèche en plein visage. Il est revenu se mettre à son service. C’est le meilleur archer qui puisse exister. Et il mène jusqu’à sa mort une armée pour le Khan. De même Liou Chou Tsaï ou bien le blond Hi-Van. La jeune Ouïgour Qulan le blesse violemment après qu’il l’a violée. Il la laisse en vie et en fait sa maîtresse officielle après sa guérison. Elle le suit partout même sur les champs de bataille avant de mourir lors de la longue conquête du pays Chin.
L’album est tout en couleurs réalisées par Jocelyne Charrance. Elles donnent éclat et reliefs à l’ensemble. Les nombreuses scènes de batailles sont très réalistes, dynamiques et donnent à entendre le bruit et la fureur des affrontements. Elles permettent aussi de comprendre la notion de « nomades ». Quoi qu’ils fassent, ils transportent tout avec eux : yourtes, troupeaux, familles, artisans de tous les corps de métiers.
Un album dense et très abouti graphiquement, mais qui se lit facilement tant l’histoire de Gengis Khan est captivante. À mettre entre de bonnes mains.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Le Khan, empereur des steppes de Houot et Ramaïoli, 24×30 cm, noir et blanc, 240 pages, 39,50 €, éd. Mosquito.