L’éditeur de manga Shiozawa démissionne de son poste « pour raisons personnelles », du jour au lendemain et à la surprise de tous. Il faut dire qu’il a passé 30 ans au sein de la même maison d’édition.
Quinquagénaire célibataire, il vit à l’écart de la bruyante capitale et converse quotidiennement avec son moineau de Java. Il tente de tourner la page « manga » en vendant tous les siens accumulés chez lui. Mais il n’y parvient pas et décide de créer sa propre structure pour éditer les auteurs qu’il admire.
À travers ses multiples rencontres, ce 1er tome – il y en aura 3 – donne à voir l’envers du décor du monde du manga, cet « art pour les riches oisifs, un divertissement sophistiqué » comme le nomme un ancien maître sur le retour.
Les éditeurs et leurs poulains, les dessinateurs constituent une galerie de figures attachantes avec leurs fêlures et leurs faiblesses. Comme Aoki qui refuse de travailler avec la jeune remplaçante de Shiozawa et qui s’angoisse à l’idée de perdre un de ses chats ! Ou Chôsaku, toujours en retard à ses rendez-vous et qui a perdu l’inspiration depuis quelques temps. Ou bien encore la mangaka qui a remisé ses crayons pour aller travailler au supermarché Maruken parce qu’il faut bien nourrir ses enfants !
On sent que Taiyô Matsumoto en connaît un rayon ! Mais à cet aspect très réaliste et prosaïque du métier s’ajoute une poésie toute particulière qui traverse les lieux et les échanges entre les personnages. Le trait du créateur d’Amer Béton est décontracté et efficace, son noir et blanc alerte et débridé.
À suivre donc dès janvier prochain.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Tokyo, ces jours-ci de Taiyô Matsumoto, traduit du japonais par Thibaud Desbief, 216 pages, 12,95€, éd. Kana. En librairie le 15 novembre 2024.