Depuis 6 ans, tous les premiers week-ends de juillet, un événement de plus en plus attendu se déroule durant 3 jours à Paris, plus exactement au CNIT de la Défense : la fameuse Japan Expo.
Pour les chanceux qui sont sur place, pas de problème ; mais pour les autres, il faudra soit prendre le train aux aurores, soit arriver la veille. J’avais choisi la seconde solution, le squat m’étant généreusement proposé. Le lever à 8h30 n’a pas été superflu… Le temps d’activer les fonctions primaires de mon cerveau en mal de sommeil pour cause de visionnage de films coréens. Mon hôtesse dans son extrême bonté m’a indiqué le cap à tenir pour gagner l’arrêt de bus où une poignée d’autochtones se pelaient de concert.
Étant bien élevée, je me suis pliée à la coutume locale en pestant contre ma bêtise qui me fait toujours oublier que Paris… c’est au NORD de Lyon. Le trajet s’étant, contre les augures, déroulé pour le mieux… Je me suis trouvée 2h en avance pour l’ouverture de la convention (12h30). Pourtant la file d’attente atteignait le bout de l’Arc de la Défense… Je suis mauvais juge, mais nous dirons une centaine de mètres au bas mot. La douche glacée fut apportée par le même vent peu plaisant que précédemment puis le soleil fit une apparition juste pour sécher les pauvres loques tremblotantes qui avaient omis d’emporter un parapluie ou tout autre bâche, indispensable au maintien d’une hygrométrie convenable des couches supérieures des textiles.
Le chaud hangar accueillant permit de départager les plus prévoyants qui avaient préacheté leur billet d’entrée des autres, pauvres inconscients, qui n’avaient su se préparer convenablement à cette expédition. Une charmante mascotte cylindrique et pelucheuse vint nous rappeler qu’il y a toujours plus malheureux que soi, au vu de la température qu’on imaginait régner sous les bouloches. La gestuelle toute Disneyenne poussa quelques désespérés à l’étreindre sauvagement, traitement qui fut heureusement épargné aux deux cosplayeuses en kimonos rouges très élégants.
Il faut savoir que si vous allez à Japan Expo, c’est l’occasion de fraterniser avec ses pairs (stade plus ou moins avancé de l’otaku franchouillard), ses voisins et en général s’occuper de façon constructive en comparant ses goûts et connaissances. Il est aussi quelques pauvres hères qui tentent d’attirer l’attention d’une de leur connaissance par divers signaux. Pour ceux dont le réseau passe et dont le forfait n’est pas épuisé, le portable est le moyen le plus discret. Pour les exubérants et les fauchés, la méthode du sémaphore ou celle du marsupilami sont les plus courantes (nous noterons hors catégorie l’éclatage de ballons, le très peu efficace ” fais passer ” et le non moins optimiste ” regard insistant “). Bref, pour peu que vous soyez de bonne humeur, l’attente vous paraîtra courte.
Note à moi-même : RANGER le ticket passeport 3 jours dès l’entrée franchie pour éviter un déplaisant coup de stress plus tard.
À l’intérieur… C’est Noël ! Les stands n’attendent que vous pour peu que vous ayez économisé toute l’année pour l’événement, que vous ayez pensé à retirer suffisamment de liquide (ne comptez pas sur les distributeurs de la Défense, ils sont vides dès le 2e jour), et/ou que vous vous soyez munis de votre chéquier. Autre conseil utile : le point info vous délivrera un plan des stands pour le moins indispensable voire vital.
Le premier jour étant visiblement réservé aux opérations de pillage, il vous sera utile d’effectuer votre razzia perso avant épuisement de certains articles très prisés ou rares. Le temps passe d’une manière non relative, si bien qu’une petite collation au goûter sera la bienvenue, pour peu que le tamponneur fou ne soit en crise, vous serez dûment estampillé aux armes de la JE avant sortie provisoire.
En rentrant, ayant fait le plein d’énergie, les activités proposées n’attendent que votre courage pour vous infliger les pires tourments ou victoires éclatantes selon votre talent. Vous seront proposés : origami (avec envoi au Japon des grues confectionnées, pour la commémoration des deux bombes nucléaires qui frappèrent Nagasaki et Hiroshima), ikebana (arrangement floral), initiation au go et au mah-jong (je conseille vivement aux non japonisants de se contenter du go), démonstrations d’arts martiaux, jeux d’arcades en tout genre et bien cachés dans un coin, un stand d’AMV (clips vidéos amateurs montés sur une musique à partir d’images d’animés)… De quoi bien vous occuper (liste loin, très loin d’être exhaustive)
Le soir voit s’accumuler dans les coins des groupes quelque peu usés qui tentent de récupérer quelque énergie et c’est avec réticence que le haut-parleur pousse les japaneux vers la sortie.
Consignes utiles pour le soir après bataille :
Ne PAS ouvrir le moindre fanzine ou manga, ne parlons pas des vidéos sous peine d’avoir besoin d’un nécromant pour le lendemain matin.
Le second jour est pire, la file d’attente a doublé par rapport à la veille, un vent polaire balaye les sans tickets comme les nantis et n’épargne personne. L’Arc de la Défense s’est vu entouré d’une curieuse guirlande où les petits personnages qui la composent prenaient leur mal en patience. Comme une analogie à la lenteur de leur progression, ils avaient courbé leur file en forme de coquille d’escargot. De nombreux touristes ont dû se demander quelle était la cause de cette attraction fort distrayante.
La presse à l’intérieur était de pire en pire et les grands sacs Tokebi et Saphira n’étaient plus distribués gratuitement comme la veille, lors de l’achat d’un simple manhwa. Les projections en salle ont commencé. N’étant pas encombrée par les courses expédiées le vendredi, l’attente devant les forums en sera grandement facilitée. La petitesse de la salle limitait le nombre de chanceux et la structure plane interdisait à la moitié arrière de la salle de lire les sous-titres. Mais les sièges étaient confortables, détail appréciable quand on sait que les hauts parleurs avaient interdit de s’asseoir dès le début de la matinée et que toute sortie était définitive… Le volume sonore à la sortie (ou ma sensibilité) ayant augmenté, un quelconque parent proche de l’Aspirine prenait alors des allures de “pilule magique”.
Dimanche : la lassitude gagne et la place de la Défense est animée d’un curieux défilé statique composé de différents rassemblements longilignes dont personne (surtout pas moi) ne cherchera à comprendre la logique, une fois sûre d’être dans le bon. Si l’an dernier, le dimanche avait été plus calme que les autres jours, cette fois-ci c’est indescriptible… La pluie ne vient guère améliorer le moral, obligeant à mettre à l’abri les précieux manga.
Une fois entrée, le temps de reprendre mes esprits, je me rappelle m’être promis d’aller voir les “surprises” et je me retrouve par hasard à faire la queue pour le cosplay (décidément, je dois aimer les files d’attente…).
Le cosplay est toujours une expérience surprenante, que l’on soit d’un côté ou de l’autre de la scène, mais avant cela nous avons eu droit aux 2 gagnants d’un concours de chant : les deux meilleures voix ! Si la gagnante nous fit rêver avec une chanson tendre (” Melody of life ” chanté par un cosplay de Severus Snape, ça fait tout de même un drôle d’effet), le gagnant vint à point pour chauffer la salle avec X de X Japan. Le meilleur restait à venir avec une improvisation du générique original de Saint Seya à capella. Un grand moment !
Vint ensuite le cosplay visual rock où les tenues sexy et originales se succédaient (un soupir attendri au souvenir de la pseudo interview de Mana, sa façon de chuter de ses plates-formes était charmante et son jeu d’un comique touchant). Le présentateur vêtu de cuir noir ayant quitté les projecteurs pour laisser place à un (non, pas une) autre : Candy plus vraie que nature, n’ayant toujours pas trouvé son ” Prince des Collines “, était passée faire un tour à la Japan (et a reçu quelques propositions de consolation le cas échéant). Certains groupes avaient monté des sketches, d’autres des combats acrobatiques, une chorégraphie ou une simple présentation de leurs costumes.
Un dernier tour permet de se rendre compte que la mise à sac des stands n’a laissé que quelques vestiges de l’abondance du premier jour. Les stands de nourriture tombent pour le mieux (gâteaux au thé vert je vous aime !) afin de permettre de participer aux animations jusque-là laissées de côté.
Ce n’est qu’à force de volonté que le japaneux se retirera à temps pour ne pas louper son train, reconnaissant ses semblables dans les transports en commun à l’aide de signaux subtils (sacs Saphira/Tokebi XXL, goodies qui dépassent des bagages, manga à la main, T-shirt imprimé, conversations au sujet comme qui dirait familier…) Il est étrange de noter comme le voyage de retour sera écourté par la lecture/papouillage du butin ramené à bon port.
Japan Expédition, les 10 commandements :
– ta pré vente tu achèteras,
– tes tickets de train tu réserveras,
– ton pognon tu prépareras (ton testament tu rédigeras),
– la logistique sur place tu organiseras,
– de patience, tu t’armeras,
– un plan tu te procureras,
– les poussettes tu éviteras,
– ta culture enrichira,
– ton enthousiasme tu partageras,
– l’an prochain tu reviendras.
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