La Cigale du huitième jour de Mitsuyo Kakuta

Chroniques tous | livres

Le roman se déroule sur une vingtaine d’années que parcourent ensemble puis consécutivement deux femmes. La première partie est consacrée à leur vie commune. Kiwako est une jeune femme qui, au début du roman, kidnappe le bébé de son ex-amant qui l’avait fait avorter quelques mois plus tôt… Erina – Kaoru pour Kiwako – la petite kidnappée qui vit durant trois ans et demi avec elle dans une harmonie naturelle malgré la peur et les fuites successives dues à la présence policière. La seconde partie éclate totalement le récit et offre des regards croisés sur le procès de Kiwako qui est condamnée à huit ans de prison, la vie d’Erina qui a grandi et qui entretient une relation adultère – comme Kiwako, vingt ans auparavant –et qui va garder finalement l’enfant qu’elle a eu avec lui – au contraire de Kiwako – et enfin le regard de son amie Chigusa qui veut écrire un livre sur leur vie commune dans une secte où Kiwako s’était réfugiée après l’enlèvement et où les deux fillettes avaient pris l’habitude de jouer ensemble.

Un livre très dense tant au niveau de l’histoire que des personnages, et tous, féminins essentiellement, sont caractérisés avec une grande finesse. Mitsuyo Kakuta parvient à dresser des portraits très quotidiens de la société féminine japonaise et en fait émerger l’universalité. Au contraire les deux seuls hommes qui ont de l’importance dans le récit sont des mâles typiques japonais, d’une génération à l’autre, ne voulant pas s’engager, menteurs donc manipulateurs !

C’est un très beau roman sur la transmission et sur l’espoir qui peuvent prendre des chemins totalement inconscients et inattendus. En effet Erina, en acceptant de garder l’enfant de son amant tout en quittant ce dernier va pouvoir lui faire accéder à la beauté qu’elle n’a pu vivre en raison des diverses fuites que Kiwako lui a fait subir. Mais elle est aussi le double parfait de sa kidnappeuse puisqu’elle va assumer son passé, tisser des relations de confiance et construire son futur tandis que Kiwako reste sur la rive sans jamais pouvoir construire quoi que ce soit… Erina, en cela, est la fameuse Cigale du huitième jour du titre. Mais Kiwako est en passe, à la fin du roman, magnifique, de pouvoir le devenir aussi…

Éditeur : Actes Sud

Pays : Japon

Évènements à venir