Shirô Aguri n’est pas un délinquant comme les autres. Violent et bagarreur, très fort, il ne cherche pas forcément la confrontation. Même s’il a tendance à user de sa force lorsque quelque chose ou quelqu’un ne lui plait pas, il est plutôt la cible de tous les voyous de la région. Pour être plus ou moins tranquille chez lui, il a d’ailleurs du installer des pièges très vicieux. Pourtant un soir, un vieil homme très distingué l’attend dans sa chambre, visiblement nullement troublé par les obstacles. Cette personne, appartenant au groupe Rikudô, vient lui faire part de la mort du père de Shirô, Kisaburô Rikudô. L’adolescent ne reconnait pas cet homme comme son père, bien qu’il sache qu’il venait souvent rendre visite à sa mère lorsqu’il était petit. C’est pourquoi son visiteur lui demande de renoncer officiellement à toute prétention d’héritage. Shirô change alors d’avis ; si l’argent lui importe peu, il n’aime pas qu’on lui donne des ordres. Il va se retrouver face à ses 2 « beaux-frères » et sa « belle-sœur », qui sont prêts à tout pour se débarrasser de lui.
Les éditions Komikku nous propose avec ce manga de suivre un vrai voyou, à sa manière. Il n’est pas du style à voler, à frapper ou à détruire par simple envie. Nous le voyons même essayer d’avoir un vrai travail et la plupart du temps il se comporte normalement, étant même poli lorsqu’il le faut. Mais il est avant tout guidé par son instinct, n’hésitant pas à s’en prendre à quelqu’un qui ne lui plait pas, même si cette personne ne lui a rien fait. Solitaire et très fort, mais aussi observateur et assez intelligent, il attend un vrai adversaire, qui serait un vrai défi. C’est pour cela que, contre l’avis du vieil homme qui vient le conseiller, il va entrer en guerre contre sa « famille ». D’ailleurs contrairement à lui, comment les 3 autres enfants, qui ne sont pas du sang de Kisaburô Rikudô, sont devenus ses descendants ? D’où viennent-ils ? Dans tous les cas, le pouvoir dont ils disposent leur est monté à la tête, comme ils sont prêts à tout pour arriver à leur fin, n’hésitant à recourir à la violence. Leur relation entre eux n’est d’ailleurs pas très claire et risque très probablement de dégénérer. De son côté, Shirô, malgré son comportement très égoïste, a un code moral, certes très biaisé, mais néanmoins plus « juste ». Une bonne partie de celui-ci a d’ailleurs été conçu en retour du peu de contact qu’il a eu avec son père. Tout cela pour dire que les personnages présentés sont d’être des anges et même si Chôkichi Neko ainsi que son ex-disciple Kitsune semblent beaucoup plus calmes et mesurés, il n’a pas difficile d’imaginer que leurs prérogatives auprès de leur maître les a conduit à commettre beaucoup d’atrocités. En bref l’ambiance générale est très violente, chaque bagarre étant courte mais très crue. Pourtant de multiples touches d’humour parsèment le récit, plus ou moins lourdes et décalées selon le moment ; elles fonctionnent d’autant mieux avec le côté ingérable de Shirô et celui imperturbable de Chôkichi. Si certains points sont un peu confus, l’ensemble tient bien la route, servi par un dessin précis et réaliste. Le travail de Komikku est à la hauteur, avec en prime 4 pages couleurs. S’il ne faut pas attendre grand-chose de cette série avant tout « bourrine », sa réalisation et ses personnages un peu plus complexes qu’ils en ont l’air en font un bon produit. Va-t-elle confirmer avec le 2ème tome ?
Fabrice Docher
KING OF ANTS (ARI NO OU) volume 1 de Nagahisa TSUKAWAKI et Ryo ITOU (2016)
Action / violence / humour / tranches de vie, Japon, Komikku éditions, janvier 2018, 208 pages, livre broché 7.90 euros