Les extraterrestres ont projet d’envahir la terre. Ils ont donc envoyé quelques éclaireurs chargés de s’approprier les concepts humains telles que la colère, la peur, la famille… pour mieux cerner l’humanité. Il leur suffit de toucher le front de leur victime de l’index pour les vider de leur personnalité. Ces dernières rentrent alors en catatonie et dépression. Dans une petite ville du Japon, à l’instar de David Vincent, seule une jeune ouvrière : Etsuko semble se rendre compte du problème, l’affronter et être capable d’y résister.
Classiquement fantastique, le film débute de manière très réaliste avec la description de la ville, du milieu ouvrier et de l’appartement du couple que forment Etsuko et Tatsuo qui est aide soignant. Mais très vite, la jeune femme perçoit des bizarreries dans l’attitude même de son conjoint. De même, lorsqu’elle se rend à l’hôpital pour aider une amie souffrant d’une mystérieuse morosité, elle perçoit un phénomène paranormal juste avant de rencontrer le fringant chirurgien : docteur Makabe, qui semble très lié à son mari…
C’est dans une esthétique minimaliste que naît l’angoisse due à l’irruption de l’étrange dans le familier : un rideau qui faseye sans raison, Tatsuo qui regarde par la fenêtre tout en se tenant le bras ou le chef d’atelier de l’usine qui s’écroule sans raison apparente… Jusqu’à cette pluie finale qui enclenche l’invasion, clin d’œil inversé à H.G. Wells et à sa « Guerre des mondes ».
Le film n’a rien de nouveau, mais il instille une certaine mélancolie et surtout, l’idée romantique que l’amour pourrait sauver l’humanité.
L’édition DVD que propose Arte est agrémentée d’un livret contenant un entretien de Kurosawa sur cette notion même d’humanité. On y découvre aussi que le film est tiré d’une pièce de théâtre de Tomohiro Maekawa et est issu d’une série japonaise de 5 heures réalisée par Kurosawa himself !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Invasion, 2h20, Arte éditions, sortie le 18 janvier 2019.