Notre histoire c’est celle de Rao et de sa femme Meitang unis pendant plus de 60 ans dans la Chine du XXè siècle. Son enfance, sa rencontre puis sa vie avec Meitang jalonnée de toute l’histoire mouvementée de la Chine se retrouvent dans ce récit qui, au départ, n’était pas destiné à être publié. En effet, c’est en 2008 que Rao Pingru, à l’âge de 86 ans, décide de se raconter pour ses proches, sa femme venant de mourir. Il prend sa plume et ses pinceaux et c’est le quotidien de ce garçon issu de la bourgeoisie qui prend vie sous nos yeux. C’est aussi les sursauts de l’histoire du pays avec le combat contre l’envahisseur japonais, la guerre civile entre les partisans de Mao et les nationalistes, l’avènement du communisme et son convoi de famines de purges et de rééducation. Rao a écopé de 20 ans de camp de travail dans une contrée reculée tandis que Meitang a dû âprement se battre à Shanghaï pour nourrir sa nombreuse famille. Mais ce quotidien difficile a renforcé les liens du couple qui jamais ne s’est résigné et en est sorti même renforcé.
Cette histoire n’aurait jamais quitté le cercle familial si des fuites sur Internet ont décidé un éditeur à publier ces écrits. Le succès est au rendez-vous.Le couple devient alors le symbole de la fidélité et un exemple à suivre pour tous les fiancés de l’Empire du Milieu !
Le livre n’a pas vocation à faire réfléchir sur l’Histoire tant son auteur est un produit de la Chine d’avant. Il capte, au contraire, les petits détails du quotidien, les aléas de la vie conjugale avec ses petites joies, ses grosses tristesses et ses grands bonheurs. Les dessins aquarellés, souvent accompagnés d’une légende nous plongent de plain-pied dans les descriptions, parfois des poèmes ou des chansons et agrémentent fort généreusement le texte.
Finalement, sans aucune prétention, car son auteur n’est pas de ceux qui professent ou se révoltent, ce bel ouvrage nous montre que le couple est assez fort pour résister à tout et plus largement que pour résister il faut s’accrocher aux petits riens, au quotidien. Belle leçon d’humilité et de force à la fois !
Camille DOUZELET