Histoire de la Corée, des origines à nos jours de Pascal Dayez-Burgeon ressort en poche.

Si, tout au long de l’histoire, nombre de pays ont eu à subir des invasions, la Corée prend aisément sa place sur le podium. C’est ce que démontre magistralement Pascal Dayez-Burgeon dans Histoire de la Corée. En effet, depuis l’an zéro, à peu près, la Chine d’abord puis les Mongols suivis des Mandchous et des Japonais ne se sont pas privés, tout au long des deux millénaires suivants, de considérer la péninsule comme leur terrain de jeu.

C’est à peine si la Corée a pu profiter de quelques périodes d’accalmie. C’est seulement par deux fois qu’elle a connu un siècle de paix en continu. Ce qui ne l’a pas empêchée de montrer une vitalité créatrice inattendue. Même si les peuples envahisseurs la considéraient comme un pays arriéré bien incapable de les égaler dans un domaine aussi élitaire.

En effet, ce sont les Coréens, nous rapporte l’auteur, qui ont inventé en premier les caractères d’imprimerie métallique, 200 ans avant Gutenberg. Précédemment, ils étaient en bois ou en terre, donc assez fragiles. Une autre création remarquable émerge au travers de la poterie céladon, à dominante décorative verte, donc. En très peu de temps, elle atteint un niveau de qualité exceptionnel. LAsie et Occident se l’arrachent, du XIIIe au XVIIe siècle.

Mieux encore, le 9 octobre 1446, le roi Sejong instaure un remarquable alphabet : l’hangul pour faciliter la gouvernance de son royaume. D’un pragmatisme désarmant, il se calque sur la prononciation de la langue coréenne. Il échappe ainsi, à la complexité des idéogrammes chinois. Pour autant, il ne sera vraiment utilisé qu’au début du XXe siècle : « Les lettrés ne se départirent-ils jamais de leur commisération, voire de leur hostilité, vis – à-vis de l’Hangul. »

Malgré ces indéniables capacités, la Corée, tout au long du reste de son histoire, est le théâtre permanent de tragédies et de soumissions sans nom. Il faut attendre la reddition sans condition du Japon impérialiste pour qu’enfin, elle retrouve son entière indépendance.

Mais elle n’est pas au bout de ses peines. À la suite de la partition au niveau du 38e parallèle, suite à l’armistice du 27 juillet 1953, les deux Corées n’auront de cesse de s’écarter l’une de l’autre à quelques exceptions près. Le Sud plongeant tête baissée pour rattraper son retard sur l’Occident, tandis que le Nord subit une dictature héréditaire indéboulonnable depuis la possession de l’arme nucléaire.

Bien que très dense, l’ouvrage se lit avec enthousiasme tellement la péninsule est prodigue en ressources pour toujours retomber sur ses pieds. D’une grande pédagogie, la vulgarisation de l’ouvrage brille par sa justesse et sa profondeur d’analyse. Il restitue les tensions internes et externes de cette presqu’île et met au jour les spécificités des trajectoires divergentes des deux Corées (1).

Si la période moderne occupe une grande part de l’ouvrage, l’auteur, par un développement aussi précis qu’érudit, nous révèle toute la complexité qui a présidé à la genèse de la Corée.

Ce livre généreux est donc un choix judicieux pour quiconque s’intéresse à l’histoire coréenne. Il en offre une ambitieuse et rigoureuse synthèse, ce qui permet au lecteur un décryptage aisé des enjeux actuels.

Dans la même collection ressort aussi L’Indo-Pacifique, nouveau centre du monde de Valérie Niquet et Marianne Péron-Doise.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) voir notre chronique : https://asiexpo.fr/lattente-une-famille-coreenne-brisee-par-la-partition-du-pays-recit-et-dessin-de-keum-suk-gendry-kim/

Histoire de la Corée, des origines à nos jours de Pascal Dayez-Burgeon, 624 pages, 13,50 €, coll. Texto, éd. Tallandier.

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