Dans l’après népotisme Fujiwara de l’époque Heian au coeur d’un Japon divisé entre nobles et bouddhistes les samouraïs déchus mènent une révolte impérialiste unitaire.
A l’instar de l’effervescence politico culturelle de cette période, le jeune Kiyomori Taïra échappé du classique épique Heike Monogatori, s’inscrit dans une ascension identitaire. D’une portée sociale jusque contemporaine, le flot de son hérésie porte la vague révolutionnaire d’un nouveau Japon, faisant du paradoxe «héros/sacrilège» un pléonasme dans le regard d’un samouraï du peuple (rejetant sa mère, l’autorité de la Cour, les abus religieux…). Mizoguchi nous laisse un chef d’œuvre en forme de fresque historique polychrome où chaque teinte est nuance du propos de son auteur. D’une beauté presque volée d’un transfert de faible qualité où bleu et jaune jurent jusqu’à l’écoeurement… Pour se faire pardonner, au-delà d’apparat critique, précis historiques et filmographies, FSF exhume un documentaire de Kaneto Shindo (l’île nue) avatar du maître qui, loin d’une analyse filmique, d’entretiens (acteurs, producteurs…) dévoile avec déférence les facettes de Mizoguchi. Tantôt infantile, meneur syndicaliste, libertin, fruit de l’ère Meiji ou torturé il demeure celui qui a compris le Japon s’efforçant une vie durant de cerner notre nature. L’écho de ses oeuvres résonnant sur ce décor moderne tel une pluie battante, ses derniers mots furent «déjà la fraîcheur de l’automne, je veux encore travailler avec vous.»… 2h30 s’écoulent et l’on réalise que le Héros Sacrilège n’était qu’un bonus.
Éditeur : Films Sans Frontières
Pays : Divers