Toshio vit avec sa femme et sa fille dans une petite vie tranquille et sans bruit à la périphérie d’une grande ville. Il est taciturne et se réfugie le plus souvent dans son atelier de métallurgie attenant à la maison. Un jour, alors qu’il travaille à son établi, un grand homme en pantalon noir et chemise blanche apparaît littéralement, tel un fantôme. Ils se connaissent de longue date et Toshio, sans hésitation, lui offre emploi, gîte et couvert à la grande surprise de sa femme. Comme pour justifier son geste, Toshio lui dit simplement que c’est un vieil ami, sans plus d’explication. Après des moments de gêne et d’adaptation, l’étranger trouve peu à peu sa place d’autant qu’il est discret, poli, et même rassurant bien qu’un peu raide. Il aide, notamment, la petite fille à jouer de l’harmonium, ce qui émeut sa mère qui ne reste pas longtemps insensible au charme de cet homme mystérieux. On comprend qu’il sort en fait de prison et que Toshio n’est pas étranger à sa peine…
Une deuxième partie du film arrive après un drame et se déroule huit ans plus tard sur les mêmes lieux. L’étrange invité a disparu, la jeune fille est handicapée, sa mère est sévèrement atteinte de propreté compulsive et, paradoxalement,Toshio, lui, semble plus vivant qu’auparavant…
Dans ce thriller psychologique, Kôji Fukada ne nous montre rien de trop, il fonctionne à l’économie. De nombreuses ellipses, une parole contenue permettent de laisser planer le suspense jusqu’à la fin du film. Si l’on peut reconstituer à peu près le secret enfoui par les deux hommes, il est difficile d’être certain que le drame soit accidentel et la disparition du « vieil ami » ne fait que renforcer les soupçons d’une rancœur effrayante, d’une violence sourde. Le fantastique latent ajoute encore au suspense. Le film donne ainsi une vision assez glaçante de la famille et permet surtout de s’interroger sur la culpabilité et l’autopunition.
Le film a bien mérité son prix du jury à Un certain regard, au festival de Cannes, en 2016 !