Hyakkaô est une école privée, comprenant un collège et un lycée, réservée à l’élite de la Nation : issus de bonne famille, les élèves de préparent à devenir les prochains puissants de ce Monde. Mais quels sont les qualités les plus attendues pour devenir le leader de demain ? Les connaissances scolaires ? Les capacités sportives ? Que nenni : il faut avant tout être téméraire et savoir faire preuve d’un esprit tactique ! Et quoi de mieux que les jeux de hasard pour aiguiser ces deux caractéristiques ?
Ainsi, les élèves de l’école s’affrontent régulièrement dans des jeux d’argents, les vaincus contractant des dettes auprès des vainqueurs. C’est ainsi que s’est structuré un système de classes dominantes au sein de l’établissement : tout en haut de la hiérarchie règne le conseil des élèves, qui impose aux autres de lui verser régulièrement un tribut ; tout en bas échouent les joueurs les plus endettés, qui deviennent des souffre-douleurs. Suzui est d’ailleurs l’une de ces « bêtes » et ne parvient pas à se refaire. C’est alors qu’on lui confie le soin d’accueillir une nouvelle élève, la belle Yumeko Jabami. Suzui la met aussitôt en garde contre les mécanismes qui règnent dans l’école, mais, à sa grande surprise, Yumeko n’est pas aussi pure qu’il n’y paraît…
Lancé au Japon en 2014 sous le titre Kake Gurui, Gambling School nous arrive en France chez Soleil Manga et s’inscrit dans une thématique dorénavant chère à l’éditeur. En effet, le titre s’inscrira parfaitement dans votre collection entre un Friends Games, pour l’aspect « jeux d’argent capillotractés », et un Prison School, pour son ambiance de soumission/domination omniprésente. Le récit s’inscrit quant à lui dans une trame narrative bien connue, au point d’en devenir profondément prévisible. Dans ce premier tome, Yumeko participera à trois jeux de hasards aux règles complexes : un pierre-feuille-ciseaux chaotique, un jeu de recherche de paires, et une variante du jeu de la roulette. Pour chacun d’entre eux, la nouvelle élève commencera par perdre, mais demandera une nouvelle partie en renchérissant des sommes astronomiques, tout en déjouant les tricheries de son adversaire. La dernière épreuve offre certes une variante, qui reste néanmoins prévisible au vu des enjeux à ce moment du récit.
Là où le titre tire la bonne carte de sa manche, c’est dans la personnalité de Yumeko elle-même. L’héroïne présente un double visage : celui d’une demoiselle innocente qui prend des risques inconsidérés, et celui d’une dominatrice avide d’écraser le joueur en face, avec une profonde jouissance. Le dessinateur Tôru Naomura (Lost Paradise) prend d’ailleurs un malin plaisir à exprimer la satisfaction des joueuses avec une grandiloquence orgasmique. Difficile de passer à côté de la dimension sexuelle du titre, bien que les aspects classiques de fan-service (plan culotte, nudité) soient étonnamment discrets. Le cocktail est donc plutôt bien dosé, mais on prendra garde à ce que les auteurs ne franchissent pas la ligne jaune.
Gambling School est donc un vrai titre de niche qui plaira aux amateurs de jeux tordus et d’ambiance sulfureuse sur fond de SM softcore. Bien sûr, on évitera une lecture au premier degré, sous peine de trouver les concepts de base complètement ridicules. Mais malgré des mécanismes de narration éprouvés, le titre bénéficie grâce à son héroïne d’une troublante dimension sulfureuse… ou racoleuse, selon le niveau de tolérance. Et vous, tomberez-vous dans son piège ?
Alain Broutta
GAMBLING SCHOOL (KAKE GURUI) volume 1 de Homura KAWAMOTO et Tôru NAOMURA (2014)
Suspense, Japon, Soleil Manga – Seinen, juin 2017, 240 pages, livre broché 7,99 euros