Eurêka de Shinji AOYAMA? Vous parlez sans doute du film ? me direz vous. Et bien non, ou plutôt pas seulement ! L’immense cinéaste japonais a écrit un roman en reprenant l’histoire de son film éponyme. J’entends d’ici les cinéphiles demander avec une moue blasée : “encore un scénario duquel on s’est évertué à tirer un livre ?” Non plus! Eurêka est un vrai roman, car Aoyama y développe certes la même histoire mais sans rester collé au film. Le livre comme le film datent de 2000. Si on retrouve les deux enfants blessés, le lecteur découvre surtout un autre versant du récit et du même coup un autre talent du réalisateur. Que ceux qui n’ont pas vu le film se rassurent – et c’est ce qui fait la force du livre, qui n’a nul besoin du film pour exister – les sensations et les sentiments décrits vous saisissent sans prévenir. Que les inconditionnels de Aoyama réalisateur se laissent séduire par le roman, qui réussit à éviter la redite sans dénaturer le film en explicitant les choses à outrance. C’est d’ailleurs là le seul bémol. Certains passages manquent un peu de lisibilité : écueil duquel on s’accommode finalement assez bien si l’on tient à pénétrer l’esprit de Kozue, Naoki et Makoto… Aoyama nous propose une fois de plus de nous aventurer dans les profondeurs de l’âme humaine, il faut pour cela accepter de s’égarer parfois en chemin. Mais la beauté de l’œuvre vaut la peine de sortir sa boussole.
Éditeur : Actes Sud
Pays : Japon