Dôgen, maître zen de Ryodo Awaya et Fumio Hisamatsu

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Les éditions Sully ont eu la bonne idée de rassembler en un seul volume les trois tomes d’origine du manga Dôgen, maître zen. Il raconte la vie du fondateur de l’école Sôtô. Ryodo Awaya en a conçu le scénario et Fumio Hisamatsu les dessins. Le premier est le spécialiste japonais de Maître Dôgen tandis que le second est un mangaka réputé et ancien collaborateur de Osamu Tezuka.

De par sa naissance en 1200, le maître zen Dôgen appartient à la caste impériale par la branche renommée des Fujiwara. Ce qui très tôt, le destine à de hautes fonctions administratives ou politiques. De ce fait, son grand-père Fujiwara no Motofusa lui inculque une rigoureuse éducation. De plus, l’enfant montre des prédispositions précoces à l’étude. Cependant, sa mère meurt alors qu’il n’est même pas adolescent. Son grand-père décide de l’adopter comme son fils afin qu’il révèle, pour son clan, tout le potentiel qu’il recèle.

Toutefois le chagrin consécutif à la disparition de sa mère l’attire de plus en plus vers l’enseignement du Bouddha. Jusqu’au jour où, à l’âge de douze ans, il s’enfuit pour devenir moine. Cependant, très vite, les us et coutumes du bouddhisme tel qu’il est enseigné au Japon ne le satisfont pas, ils ne répondent en rien à la question fondamentale qu’il se pose : « qu’est que la vraie Voie du Bouddha ? »

Sur les conseils de maître Myôzen, il s’embarque avec lui pour le pays des Song, la Chine de l’époque, afin d’étudier le zen (chan en chinois). Maître Dôgen ( son nom signifie : origine de la Voie ) devient par la suite, comme chacun le sait, le plus grand passeur du zen au Japon malgré la multitude d’embûches qu’il rencontre. Parmi elles : la jalousie de ses condisciples car son enseignement remet en cause leurs prérogatives. Les déménagements de temples en temples ou les difficultés matérielles innombrables qu’il subit sans rechigner. Rien ne peut jamais contrecarrer sa volonté indéfectible d’apporter à tous la vraie voie du Bouddha.

Outre la connaissance de la vie du maître, le lecteur comprend toute l’importance du zazen : la méditation en position assise. Elle est au cœur de son enseignement. De plus la sobriété généreuse de l’écriture lui permet d’appréhender au mieux la démarche spirituelle du Grand Moine.

Le dessin noir et blanc avec rehauts de gris et trames, quant à lui, est épuré pour aller à l’essentiel du propos.

La bande dessinée est un excellent médium pour aborder une discipline aussi ardue que le bouddhisme. L’ouvrage est d’un abord plaisant et aisé à lire. Il permet au curieux comme au plus féru d’ascèse de mieux appréhender sa doctrine zen. Il ne reste plus au lecteur qu’à passer à l’action, si l’on peut dire, en s’appliquant à faire zazen.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Dôgen, maître zen, scénario de Ryodo Awaya et dessins de Fumio Hisamatsu, traduit du japonais par Yoko Orimo, 382 p., 19€, collection Le Prunier, éd. Sully, février 2021.

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